!["La crise de la zone euro a penalisé la croissance américaine" "La crise de la zone euro a penalisé la croissance américaine"](/data/posts/2022/07/16/1657930621_La-crise-de-la-zone-euro-a-penalise-la-croissance-americaine.jpg)
Ted Gayer est le co-directeur du programme de recherche économique du célèbre think tank américain Brooking Institute. Il a également fait partie des conseillers économiques à la Maison Blanche.
France24.com a demandé à cinq économistes de différents pays de retenir et analyser cinq faits marquants de l'actualité économique de 2010. Voici ceux choisis par l'Américain Ted Gayer.
1. Le marché du travail
Le PIB américain a connu une forte augmentation (5%) au dernier trimestre 2009. Depuis le début de l’année, la croissance fléchit (3,7% au premier trimestre, 1,7% au deuxième et 2,5% au troisième). Une faiblesse qui s’est surtout ressentie sur le marché du travail. Le taux de chômage a débuté en 2010 à 9,7%. Au premier trimestre, les choses allaient encore relativement bien avec 200 000 créations d’emplois par mois. Mais ce n’était déjà pas suffisant pour absorber les nouvelles arrivées sur le marché du travail. La chute du taux de croissance n’a pas arrangé la situation. En novembre, le taux de chômage était de 9,8%. Mais le plus inquiétant est le chômage de longue durée (plus de 27 semaines) qui s’établit à 4%.
2. La crise des dettes souveraines
La Grèce a évité de peu la faillite au mois de mai. Conséquence : les taux d’emprunt sur les dettes souveraines ont explosé en Europe. Et aux États-Unis, ils ont baissé car les investisseurs estimaient que les obligations américaines étaient plus sûres. Mais la crise grecque a surtout engendré une peur de la contagion à d’autres pays, sans oublier les conséquences que cela pourrait avoir sur les profits des banques. Qui dit profits à la baisse, dit conditions de crédit plus strictes. La crise de la zone euro et les craintes qu'elle a engendrées se sont traduites aux États-Unis par une baisse de la croissance. Elles ont aussi fait naître de nouvelles critiques à l’encontre du plan de soutien à l’économie qui va creuser la dette américaine.
3. La Commission nationale pour la réforme et la responsabilité fiscale
La dette publique des États-Unis est passée de 40% du PIB en 2008 à 53% en 2009. Elle devrait atteindre 185% en 2035 (elle n’a jamais jusqu’à présent dépassé 109%, le record atteint en 1946). Une explosion principalement dûe à l’augmentation des dépenses publiques qui devraient être de 35% du PIB en 2035 alors que la moyenne historique aux États-Unis se situe à 21%. Une commission bi-partisane a été mise en place pour trouver des moyens d’éviter cette dérive. Cette commission pour la réforme et la responsabilité fiscale a rendu son rapport début décembre. Ces recommandations visent à stabiliser la dette publique à 40% du PIB en 2035. Onze des 18 membres de la commission ont approuvé ce rapport. Reste maintenant à savoir comme le nouveau Congrès et le président Barack Obama vont intégrer cet agenda dans leur ordre du jour.
4. La politique monétaire de la Réserve féderale
La Fed a décidé d’acheter 600 milliards de dollars de bons du Trésor américain d’ici le second trimestre 2011. Cette technique, baptisée "assouplissement quantitatif", sert en général à injecter de l’argent dans l’économie pour soutenir la reprise. Une décision qui a provoqué un tollé notamment chez les partenaires commerciaux des États-Unis. Cette approche monétaire va avoir pour conséquence de dévaluer la valeur du dollar et donc de pénaliser les autres pays exportateurs dont la monnaie nationale utilisée est plus "chère".
5. Les élections américaines de mi-mandat
Un marché du travail moribond, des critiques de plus en plus vives contre les dépenses publiques et les craintes de voir la dette du pays s’envoler ont mené à une large victoire des républicains aux élections de mi-mandat. À la Chambre des représentants, la droite américaine a gagné 63 sièges, une performance inédite depuis 1947. Un changement de majorité qui n’a pas tardé à produire ses effets sur le plan économique. Le président Barack Obama a ainsi accepté de renouveler pour deux ans une loi qui empêche d'augmenter sensiblement les impôts. Sur les grandes questions comme la croissance, le chômage, nous attendons maintenant les conséquences de cette cohabitation entre un président démocrate et une majorité républicaine.