Le Conseil de sécurité, qui a tenu une réunion sur les tensions dans la péninsule coréenne avant la tenue de manoeuvres militaires de Séoul sur une île bombardée par Pyongyang, reste divisée sur la responsabilité du nord dans la crise.
REUTERS - Le Conseil de sécurité des Nations unies s'est réuni dimanche en séance
extraordinaire pour débattre de la tension dans la péninsule coréenne, mais les cinq grands n'ont pas pu s'accorder sur le fait de savoir s'il fallait ou non imputer publiquement à la Corée du Nord la responsabilité de la crise.
La Chine, alliée de Pyongyang, et la Russie refusent l'idée de faire porter le blâme sur la
Corée du Nord, ont déclaré à Reuters des diplomates sous le couvert de l'anonymat.
Les 15 membres du Conseil de sécurité se sont réunis dimanche à huis clos pour tenter de s'entendre sur un communiqué qui, selon le représentant permanent de la Russie Vitali Tchourkine, devrait être un appel à la retenue dans la péninsule coréenne.
Des diplomates ont déclaré à Reuters qu'un projet de déclaration russe préconise que le secrétaire général de l'Onu Ban Ki-moon dépêche un émissaire à Séoul et à Pyongyang pour appeler à une solution pacifique. Ce projet de texte russe a été jugé inacceptable par Washington, Londres, Paris et Tokyo.
Parallèlement, un projet de déclaration britannique, obtenu par Reuters, demande au Conseil de sécurité de "déplorer" les derniers actes de la Corée du Nord et d'appeler Pyongyang à "agir avec retenue", mais Moscou et Pékin ont rejeté ce texte.
Au même moment, l'armée nord-coréenne a placé en état d'alerte ses unités d'artillerie déployées le long de la côte occidentale de la péninsule en prévision de manoeuvres
militaires sud-coréennes, a rapporté dimanche l'agence de presse sud-coréenne Yonhap.
Le ministère sud-coréen de la Défense n'a pas commenté pour le moment la nouvelle.
La Corée du Sud prévoit d'effectuer d'ici mardi soir des manoeuvres avec des munitions réelles au large de l'île de Yeonpyeong, bombardée le 23 novembre par la Corée du Nord.
Dimanche, Séoul a souligné que le mauvais temps seul expliquait le report de manoeuvres militaires, qu'il n'était pas question d'annuler.
Richardson a Pyongyang
Ces exercices militaires à munitions réelles sur une île dont la Corée du Nord revendique la possession font redouter une nouvelle escalade entre les deux Corées.
La Corée du Nord a qualifié de "suicidaire" la décision sud-coréenne de procéder à des manoeuvres militaires sur l'île de Yeonpyeong, que Pyongang a bombardée le mois dernier.
Elle a prévenu vendredi que sa riposte à des manoeuvres sud-coréennes dans le secteur serait plus forte que le bombardement du 23 novembre, au cours duquel ses 170 obus
d'artillerie ont fait quatre morts sur l'île sud-coréenne. La Corée du Sud avait alors répliqué par 80 obus.
Le secrétariat de l'Onu a distribué aux membres du Conseil de sécurité un document
relatif à une enquête effectuée sur les bombardements du 23 novembre par le "Commandement des Nations unies", à savoir les forces militaires en Corée du Sud, sous commandement américain, qui supervisent le respect de l'accord d'armistice de 1953.
Cette enquête a conclu que le Sud n'avait pas violé l'armistice lors de ses exercices de tirs du 23 novembre, alors que le Nord a lancé une "attaque délibérée et préméditée" qui
équivaut à une "grave violation" du cessez-le-feu, selon le document, obtenu par Reuters.
Les experts sont sceptiques sur la volonté de Pyongyang de mettre ses menaces à exécution, mais ce développement a accentué les tensions déjà très fortes dans la péninsule coréenne, où la situation est jugée "extrêmement précaire" par la Chine et que
Bill Richardson, émissaire officieux de Washington en mission en Corée du Nord, compare à "une poudrière".
Gouverneur démocrate du Nouveau-Mexique, Bill Richardson se trouve à Pyongyang pour ce qui est officiellement présenté comme une mission privée destinée à apaiser les tensions sur la péninsule.