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Le roi Henri IV retrouve sa tête quatre siècles après sa mort

Des chercheurs ont authentifié la relique royale, dont les historiens avaient perdu la trace depuis plus de 50 ans. Le crâne du "bon roi" devrait maintenant rejoindre le reste de sa dépouille à la basilique Saint-Denis.

C’est une découverte qui réjouira tous les passionnés d’histoire. La tête du roi Henri IV, qui avait disparu depuis près d’un demi-siècle, a été retrouvée dans l’Ouest de la France et authentifiée par une équipe de scientifiques et d’historiens français, sous l’égide du médecin légiste Philippe Charlier.
Leurs conclusions ont été publiées mercredi par le "British Medical Journal". Sur son crâne, "en très bon état de conservation", souligne l’étude, apparaît nettement la trace d'une barbe et d'une moustache aux poils roux et blancs mêlés, caractéristiques du Vert Galant.

La relique porte d’autres signes distinctifs: "une petite tache sombre de 11 mm de long juste au-dessus de la narine droite, un trou attestant du port d'une boucle d'oreille dans le lobe droit, comme c'était la mode à la cour des Valois, et une lésion osseuse au-dessus de la lèvre supérieure gauche, trace d'une estafilade faite au roi par Jean Châtel lors d'une tentative de meurtre le 27 décembre 1594", notent les scientifiques.

Un embaumement royal
De plus, le crâne se fond parfaitement dans le moulage au grand front et au gros nez réalisé peu après la mort du roi et conservé, depuis, à Paris.

Les scientifiques n’ont pas pu s’appuyer sur la génétique pour authentifier le crâne, la vétusté de celui-ci rendant inexploitable l’ADN. En revanche, la datation au carbone 14 a établi que l’individu était mort entre 1450 et 1650.

Autre élément de preuve : le mode d’embaumement du corps, dite à "l’italienne". Pratiquée en déposant notamment du charbon sur la chair, ce type de momification était réservé aux souverains français.
L’authentification de cette relique est d’autant plus exceptionnelle qu e personne ne savait où se trouvait le crâne du Béarnais avant qu’il arrive sur les paillasses des scientifiques. Au cours des deux derniers siècles, celui-ci est, en effet, passé de mains en mains, émergeant puis disparaissant successivement de la circulation.

Le corps d’Henri IV, assassiné en 1610 par le fanatique religieux Ravaillac, est dépourvu de son chef depuis la Révolution française. La responsabilité en revient à la Convention qui avait autorisé, en 1793, les révolutionnaires à profaner les tombes des rois enterrés à la basilique Saint-Denis, près de Paris.

Perdu dans les méandres de l’Histoire
Au milieu du XIXe siècle, on retrouve la trace du crâne, qui figure dans la collection privée d'un comte allemand, puis la tête disparaît à nouveau. En 1919, le brocanteur de Montmartre Joseph-Emile Bourdais achète, pour 3 francs, une tête embaumée, lors d'une vente aux enchères à l'Hôtel Drouot. L’antiquaire, troublé par la ressemblance de celle-ci avec le visage d’Henri IV , passe sa vie à essayer de confirmer son intuition. Il meurt en 1947 avant de pouvoir prouver son hypothèse.
Sa sœur reçoit la relique en héritage mais elle meurt quelques années plus tard. À partir de ce moment, le crâne disparaît une fois de plus… Jusqu’à ce jour de 2008 où les journalistes Stéphane Gabet et Pierre Belet le retrouvent chez un retraité de l’Ouest de la France, dans un coffret, emballé dans du linge.

À l’issue de ce parcours, des légistes, des historiens, des paléopathologues (spécialistes des pathologies d'autrefois) associent leurs compétences pour réaliser le rêve de Bourdais et identifie nt formellement la tête comme étant celle d’Henri IV. 

Selon l'étude publiée dans le "British Medical Journal", une "cérémonie de funérailles officielles" pour réunir la tête et le corps d'Henri IV, devrait bientôt être organisée à la basilique Saint-Denis, nécropole des rois de France.
"Pour l'instant, rien n'est prévu, tempère Patrick Monod, administrateur de la basilique, mais il ne serait pas anormal que ce crâne revienne ici d'une manière ou d'une autre". Les descendants du roi, la famille Bourbon, y est en tous cas favorable. Pour que le roi puisse enfin entièrement reposer en paix, 400 ans après son décès.

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