Le fondateur de Facebook a été désigné "personnalité 2010" par le magazine américain. La veille, les internautes du Time avait voté pour Julian Assange, personnage plus controversé. Un double couronnement qui marque deux visions de l’Internet.
C’est le face-à-face du Time cette année : Mark Zuckerberg contre Julian Assange. L’emblématique fondateur de Facebook est devenu mercredi la personnalité de l’année pour l'hebodmadaire américain. Le plus jeune milliardaire de l’histoire américaine succède ainsi à Ben Bernanke, le patron de la Réserve fédérale.
Julian Assange, de son côté, avait été nommé la veille personnalité de l’année par les internautes du Time. Il devance de près de 200 000 voix le Premier ministre turc Recep Erdogan (382 020 contre 148 383). Mais la rédaction du prestigieux magazine a décidé de ne pas venir renforcer ce choix d’une personnalité empêtrée dans les ennuis judicaires et fondateur du site WikiLeaks à l’origine de la fuite de plus de 250 000 câbles diplomatiques américains.
Ce double couronnement 100% Internet révèle l’importance prise par la Toile ces dernières années. Avant Mark Zuckerberg, le seul autre représentant d’Internet à avoir été personne de l’année avait été Jeff Bezos, le PDG d’Amazon (1999). Le champion du web 2.0 l’a remporté en 2010 face au Tea Party et aux mineurs chiliens, les deux autres principaux finalistes pour cette récompense.
"A 26 ans, il a le même âge que la Reine Elizabeth lorsqu’elle est devenue notre personnalité de l’année, mais lui n’a pas hérité d’un empire, il en a bâti un", écrit le magazine pour justifier son choix.
Deux regards différents sur l'Internet
Cette dimension de "bâtisseur" semble avoir été la principale motivation du Time. Un argument qui a beaucoup moins convaincu les internautes du magazine, puisque Mark Zuckerberg n’est arrivé qu’en huitième place de leur classement.
Cet intéressant décalage met en parallèle deux visions très différentes du réseau des réseaux. Le jeune homme de 26 ans représente en effet la Silicon Valley triomphante, une success story made in America et au final une société, Facebook, dont la valeur est aujourd’hui estimée à plus de 50 milliards de dollars.
Julian Assange n’est rien de tout cela. L’Australien de 39 ans représente le site peut-être le plus honni par le pouvoir américain à l’heure actuel. Grâce à la publication d’une série de documents confidentiels, WikiLeaks a, tour à tour, dénoncé les dérapages de la guerre en Afghanistan, dévoilé les dérives du conflit en Irak et mis à nu les petits secrets de la diplomatie américaine.
Pourtant, les deux hommes ont des points communs. Ils rechignent tous les deux à exposer leur vie privée malgré une pression médiatique grandissante. Cette réticence est d’autant plus frappante qu’ils sont tous les deux assez friands des petits secrets et de la vie privée des autres. Si Julian Assange s’est fait un devoir de révéler les secrets embarassants des puissants, Mark Zuckerberg a plusieurs fois été pris la main dans le sac à faire peu de cas de la vie privée des utilisateurs de Facebook, allant jusqu'à déclarer qu’avec Internet, la sphère privée avait de moins en moins de sens.