Le diplomate américain Richard Holbrooke est mort lundi soir à l'âge de 69 ans, trois jours après avoir souffert d'une crise cardiaque. Récemment encore, il était l'envoyé spécial des États-Unis en Afghanistan et au Pakistan.
Depuis le 10 décembre 2010, il se trouvait dans un état critique suite à une opération de l’aorte.
Surnommé "le bulldozer" pour son abnégation et sa capacité de persuasion, il s’est illustré en parvenant plusieurs fois au cours de sa carrière à réunir autour de la table des négociations des dirigeants qui refusaient de dialoguer.
Depuis ses débuts dans la diplomatie américaine – il est alors âgé de 21 ans – lors de la guerre du Viêtnam, il a servi chaque administration démocrate américaine avec, point d’orgue de sa carrière, un poste d’ambassadeur des Etats-Unis aux Nations Unies.
Son plus haut fait d’armes remonte à 1995, où il s’est distingué en devant l’un des grands artisans des accords de Dayton qui ont mis fin à la guerre en Bosnie.
itEn charge de l’"Af-Pak" pour Barack Obama
En 2008, c’est à lui que Barack Obama a confié la tâche de représenter la diplomatie américaine en Afghanistan.
En bon connaisseur de la situation dans la région, il convainc le président américain que le problème afghan ne peut être résolu en laissant de côté le Pakistan. Il devient alors officiellement envoyé spécial des États-Unis pour l’"Af-Pak" (l’Afghanistan et le Pakistan).
Nombreux ont été les témoignages d’estime que lui ont manifestés ses compatriotes tout au long de sa carrière. Un mot venant d’un autre géant de la diplomatie américaine, l’ancien secrétaire d’État Henry Kissinger, est resté célèbre :
"Si Richard vous appelle et vous demande quelques chose, dîtes oui. Si vous dîtes non, vous finirez quand même par dire oui au terme d’un cheminement très douloureux."
Diplomate, mais jamais secrétaire d’État
Né à New York en 1941 d’une mère allemande et d’un père russe, il se destine tout d’abord au journalisme, jusqu’à ce qu’un patron du New York Times refuse de l’embaucher.
Il embrasse alors une carrière diplomatique tout en gardant une affection particulière pour les journalistes. "Il aimait les reporters", confiait récemment le diplomate américain à la retraite Frank Wisner au magazine le New-Yorker. "il savait d’instinct les informations qu’ils pouvait leur donner, celles qui devaient rester secrètes et celles qui pouvaient faire avancer ses dossiers".
Malgré une carrière remarquable, il n’est jamais devenu secrétaire d’État. Son nom a beaucoup circulé après l’élection de Barack Obama, mais c’est finalement son amie Hillary Clinton qui a obtenu la nomination au poste de chef de la diplomatie.
Parallèlement à sa carrière diplomatique, il a également travaillé dans le monde des affaires. De 1985 à 1993, il a ainsi été l’un des directeurs de la banque Lehman Brothers.
Lorsqu’il a été nommé ambassadeur des États-Unis à l’ONU en 1998, il a été contraint d’attendre le feu vert d’un conseil d’éthique chargé de déterminer si son poste était compatible avec ses activités à Wall Street.
Engagé dans la lutte contre le sida, il avait fait voter en 2000 par le Conseil de sécurité de l’ONU une résolution qui, pour la première fois, considérait la maladie comme un problème sécuritaire mondial.
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