
Le fonds souverain du Koweït (KIA) et l'État français vont respectivement investir 600 et 300 millions d'euros dans l'augmentation de capital du géant nucléaire français. Une opération qui permettra à KIA d'acquérir 4,8 % du capital du groupe.
AFP - Le ministère de l'Economie a annoncé vendredi le bouclage d'une première recapitalisation d'Areva à hauteur de 900 millions d'euros, apportés aux deux tiers (600 millions) par le fonds souverain du Koweït et pour le dernier tiers par l'Etat français.
Dans le cadre de cette augmentation de capital, qui valorise Areva à 11,5 milliards d'euros, le fonds souverain du Koweït (KIA) va acquérir une part de 4,8% du capital du groupe public, précise Bercy dans un communiqué.
Lors de sa création en 2001, Areva avait été évalué à 12,2 milliards d'euros.
"Les deux propositions de KIA et de l'Etat seront examinées le 11 décembre par le conseil de surveillance d'Areva", ajoute le communiqué. Ce conseil a été convoqué samedi à 10H00, a par ailleurs précisé une porte-parole du groupe.
"L'Etat et KIA se sont par ailleurs accordés sur les grandes lignes d'un pacte d'actionnaires prévoyant notamment que l'Etat s'engage à faire ses meilleurs efforts pour coter les actions du groupe d'ici la fin du premier semestre 2011", poursuit le communiqué de Bercy.
"Cela est appelé à se poursuivre l'année prochaine avec d'autres partenaires, notamment industriels", ajoute-t-on au ministère.
Le titre Areva -- dont 4% du capital est coté via des certificats d'investissement (actions sans droit de vote) -- a été suspendu vendredi matin à la Bourse de Paris à la demande des autorités boursières. Son cours a été arrêté à 351,30 euros.
Feuilleton à multiples rebondissements depuis l'été 2009, l'augmentation de capital d'Areva, réclamé depuis des années par la patronne d'Areva, Anne Lauvergeon, a nécessité la participation de l'Etat, ce qui n'était pas prévu au début.
Il y a quelques semaines, outre le fonds koweïtien, deux autres candidats étaient désireux d'investir dans le groupe nucléaire: le fonds souverain du Qatar et le groupe japonais Mitsubishi Heavy Industries (MHI). Mais les négociations ont finalement achoppé avec les deux, poussant l'Etat à mettre la main au pot, s'il voulait tenir son délai d'une augmentation de capital d'ici fin 2010.
Pour financer ses importants besoins en investissements, notamment pour le réacteur nouvelle génération EPR, Areva a déjà vendu à contre-coeur sa division de Transmission et Distribution (T&D) à Alstom et Schneider pour 4 milliards d'euros et 3,65% du capital de l'équipementier aéronautique et de défense Safran pour quelque 310 millions d'euros.
Dans son communiqué, la ministre de l'Economie Christine Lagarde ajoute que les 14% détenus par Areva dans le fabricant franco-italien de composants STMicroelectronics "fait l'objet de discussions en vue d'un reclassement au sein du secteur public".
Selon Bercy, Areva disposerait après la cession de ses parts dans STMicroelectronics d'un "montant de 5 à 6 milliards d'euros" de financements.