L'association chinoise "Confucius" a attribué son premier prix de la paix à l'ancien vice-président de Taïwan. Un évènement qui s’inscrit dans le cadre d’une campagne chinoise de dénigrement du Nobel de la paix, qui sera remis vendredi à Oslo.
L'association chinoise "Confucius" a attribué son premier prix de la paix à l'ancien vice-président de Taïwan, Lien Chan. Un évènement qui s’inscrit dans le cadre d’une campagne chinoise visant à dénigrer le Nobel de la paix, qui sera remis vendredi à Oslo.
Créée à la hâte, mi-novembre, à l’initiative du "Global Times" - la version anglaise du journal du Parti communiste chinois - cette distinction est décrite comme "un honneur bien plus grand que le Nobel", sur le site web officiel. La récompense a été remise à l’ancien vice-président taïwanais, Lien Chan. Mais ce dernier, n’ayant pas été informé de l’existence du prix, ne s’est pas déplacé. Le "prix Confucius de la paix", doté d'un montant de 100 000 yuans (11 400 euros), a donc été remise ce jeudi, à une petite fille, "un ange de la paix", au cours d'une conférence de presse.
Campagne de dénigrement
Bien que ses organisateurs aient assuré ne pas être liés au gouvernement chinois et nié toute arrière-pensée, cet évènement, orchestré, hasard du calendrier, à la veille de la remise du Nobel de la paix au dissident emprisonné Liu Xiaobo, en dit long sur la rancœur chinoise.
Car deux mois après son attribution à celui qu’elle considère comme un "criminel", Pékin ne décolère pas. Et la remise du "prix Confucius", n’est que l’énième épisode d’une campagne de dénigrement orchestrée par la Chine à l’encontre du Nobel. Les autorités ont brièvement interrompu les reportages de la BCC ou de CNN consacrés à Liu Xiaobo ces derniers jours, et bloqué en outre les sites internet des deux médias. La presse officielle dénonce, de son côté, une "nouvelle campagne de dénigrement" menée par l’Occident à l'encontre de la Chine. "Liu a fait tout ce qu'il pouvait pour subvertir le gouvernement chinois, ce qui correspond à la stratégie de certains individus et organisations en Occident", écrit l'agence Chine nouvelle dans une dépêche en anglais diffusée mercredi.
La Norvège en ligne de mire
itPar ailleurs, le régime chinois s’est également assuré qu'aucun membre de la famille du lauréat, condamné en 2009 à une peine de prison de 11 ans pour "subversion", ne puisse assister à la cérémonie de vendredi. À Pékin, son épouse, Liu Xia, est toujours en résidence surveillée, privée de téléphone et d’Internet. Son avocat Mo Shaoping est surveillé de près et interdit de parler à des journalistes étrangers.
Mais ce n’est pas tout, Pékin a orchestré une intense campagne diplomatique et de lobbying pour convaincre certains pays de renoncer à assister à la cérémonie. Résultat : vingt pays, dont la Russie, Cuba, l'Irak, l'Iran, le Venezuela et l'Afghanistan, ont décliné l'invitation de l'Institut Nobel ; certains, comme la Serbie, invoquant la nécessité de préserver leurs liens avec la Chine. Toutefois, la plupart des 65 pays ayant une ambassade à Oslo ont répondu positivement à l'invitation du comité, y compris les membres de l'Union européenne et les États-Unis.
Visites officielles annulées, négociations commerciales repoussées, la Norvège, qui abrite le comité attribuant le Nobel de la paix, a également fait les frais de la colère chinoise. Le projet du pays scandinave de devenir le premier pays européen à conclure un accord de libre échange avec la superpuissance asiatique est très compromis. Et la rancune est tenace, puisque même à Cancun, où se déroule la conférence de l'Onu sur le climat, les délégués chinois ont refusé de négocier directement avec leurs homologues norvégiens…
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