!["En France plus qu'ailleurs, la réussite scolaire dépend du milieu économique" "En France plus qu'ailleurs, la réussite scolaire dépend du milieu économique"](/data/posts/2022/07/15/1657928816_En-France-plus-qu-ailleurs-la-reussite-scolaire-depend-du-milieu-economique.jpg)
Selon un rapport de l'OCDE sur l'éducation, le nombre de mauvais élèves a fortement augmenté en France, ces neuf dernières années. Des résultats qui constituent "une mise en garde", d'après Éric Charbonnier, expert au sein de l'organisation.
L’éducation en France n’est ni bonne ni mauvaise. Le système d’enseignement français se trouve au milieu, dans la moyenne du classement des pays riches et en développement publié par l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), ce mardi.
Les experts de l’organisation placent la France au 22e rang sur 65 pour la compréhension de lecture et les mathématiques, et au 27e rang pour l’enseignement des sciences.
Mais ce niveau est en baisse. Lors de la précédente étude menée par l’organisme en 2000, la France se situait au dessus de la moyenne des pays de l’OCDE. Depuis, la part de bons élèves est passée de 32 % à 28 % et le nombre d’enfants en échec scolaire a augmenté de cinq points, passant de 15 % à 20 %.
Triste exception française
"L’augmentation de cette part de mauvais élèves est principalement dû au fait que la seule méthode appliquée en France contre l’échec est le redoublement", analyse Éric Charbonnier, expert à la direction de l’éducation au sein de l’OCDE et co-auteur du rapport. "Les pays qui réussissent appliquent d’autres méthodes, comme le soutien personnel. La province de Shanghaï, qui arrive en tête des performances scolaires, envoie ses meilleurs enseignants dans les écoles les plus difficiles", précise-t-il.
Selon l’étude de l’organisation, les élèves en difficulté en France sont en grande partie issus de milieux socioculturels défavorisés. "En France plus qu’ailleurs, la réussite dépend du milieu économique", précise l’expert. Triste exception française. Le Portugal, qui se situait en deçà de la moyenne de l’OCDE en 2000, est considérablement remonté dans le classement de 2009 grâce à une série de réformes axées sur la lutte contre les inégalités sociales. Des aides personnalisées aux enfants issus de familles défavorisées ont notamment été mises en place.
Des salaires trop bas pour les professeurs débutants
Dans ce sens, "la France doit améliorer son apprentissage dans les ZEP [Zones d’éducation prioritaires], en donnant davantage d’autonomie aux directeurs, et en incitant les professeurs expérimentés à y enseigner", poursuit Éric Charbonnier. Et pour ce faire, le rapport de l’OCDE est clair : il faut augmenter le salaire des enseignants.
"Au niveau du système d’éducation, l’enquête montre qu’une performance élevée est associée non à la réduction de taille des classes, mais à l’augmentation du salaire des enseignants", affirme le rapport.
En France, un enseignant débutant gagne moins que la moyenne des pays de l’OCDE, et il est souvent en charge de classes difficiles. "C’est décourageant pour les jeunes professeurs, affirme Éric Charbonnier. Dans les ZEP, il y a un 'turn-over' énorme, ce qui induit un manque de cohésion et d’expérimentation de l’ensemble des équipes enseignantes."
Pour le chercheur, l’heure n’est toutefois pas à la panique. "Les programmes scolaires sont bons, les élites [bons élèves] sont suffisamment nombreuses, précise-t-il. Mais ce rapport fait office de mise en garde : si rien n’est fait, le niveau va continuer de dégringoler."
Le ministre de l’Éducation, Luc Chatel, a promis de remédier aux maux du système éducatif français en mettant en place un "plan sciences", qui s’ajoutera au "plan illettrisme" déjà existant. Il a également promis un développement de l’aide personnalisée au lycée.