Longtemps, l'Inde n'a pas été une priorité pour la diplomatie française. Mais l'économie du pays évolue - de même que l’attitude de Nicolas Sarkozy, qui entend soigner les relations bilatérales lors d'une visite de quatre jours qui débute samedi.
Deux ans après sa première visite officielle, Nicolas Sarkozy est de retour en Inde à compter de ce samedi. Le chef de l’Etat français manifeste ainsi un intérêt bien plus fort à l’égard du pays, devenu le deuxième moteur de la croissance mondiale après la Chine (environ 9 % de croissance par an).
Habitué aux déplacements expéditifs à l’étranger, le président français a prévu cette fois-ci de rester quatre jours - presqu’un record depuis qu'il est à l'Elysée -, avec des étapes à Bangalore, New Delhi et Mumbai (Bombay) - les capitales technologique, politique et économique du pays. Preuve qu’il a retenu la leçon de son dernier déplacement dans le pays, où il avait irrité ses hôtes en limitant son séjour à une quarantaine d'heures.
Une délégation particulièrement importante
Le président sera accompagné de sept ministres - Alain Juppé (Défense), Michèle Alliot-Marie (Affaires étrangères), Nathalie Kosciusko-Morizet (Ecologie), Christine Lagarde (Economie), Valérie Pécresse (Enseignement supérieur), Bruno Le Maire (Agriculture) et Frédéric Mitterrand (Culture) - et d'une importante délégation de chefs d'entreprises (EADS et ses filiales, Areva, Dassault aviation, CNES, Alstom, Arianespace...) et membres du patronat hexagonal. L’objectif de cette visite est clair : atteindre 12 milliards d’euros d’échanges commerciaux d’ici à 2012.
Plus de 300 entreprises françaises sont implantées en Inde. Mais la France ne se situe qu’au 7e rang des investisseurs dans le pays, derrière l’Allemagne et le Royaume-Uni, et n’est que son 11e client.
Un environnement très compétitif
La visite de Nicolas Sarkozy marque "la reconnaissance" de l'Inde par la France, souligne-t-on à l'Elysée. "Pendant longtemps, l'Inde n'a pas été une priorité de la diplomatie française. La donne a changé pour des raisons économiques. C'est un pays où l'on se bouscule aujourd'hui", ajoute Gilles Boquérat, chercheur à l'Institut français des relations internationales (Ifri).
Distendues depuis l’Indépendance (1947), les relations bilatérales n'ont vraiment décollé qu'avec le partenariat stratégique signé en 1998 par Jacques Chirac, qui visait notamment à sortir l'Inde de son isolement nucléaire.
"L'économie indienne est sur une tendance de 8 à 9 % de croissance annuelle depuis 2005 et, à part la Chine, il n'y a pas de réservoirs de croissance aussi importants dans le monde", souligne Gilles Boquérat.
Ce qui explique pourquoi les plus grandes puissances économiques se bousculent aux portes du pays. Depuis plusieurs mois, les responsables britanniques et américains ont déjà fait le déplacement. Quant aux dirigeants chinois et russes, ils doivent s’y rendre courant décembre.
Une place au Conseil de sécurité ?
Mais Paris entend bien faire la différence. La France, qui soutient de longue date l'accession de l'Inde au statut de membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU, jouit d’une grande sympathie dans le pays. Elle n'est toutefois plus la seule à plaider en faveur de New Delhi : lors de sa visite de début novembre, Barack Obama a apporté son "soutien complet" à la candidature de l'Inde à un siège permanent à l'ONU.
"Dans cet environnement très compétitif, nous avons une place à part en Inde", ajoute-t-on à l'Elysée, en expliquant que "les pères fondateurs du pays - Nehru, Gandhi, ainsi qu'Indira Gandhi - ont été très largement formés aux idéaux de la Révolution française".