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Les autorités russes et la mafia agissent "main dans la main", selon un procureur espagnol

Le gouvernement russe s'appuie régulièrement sur le crime organisé pour conduire certaines de ses opérations, selon un procureur espagnol cité dans une note interceptée par WikiLeaks, et publiée par le quotidien The Guardian.

AFP - La Russie est un "Etat mafieux" virtuel dont les partis politiques agissent "main dans la main" avec le crime organisé, estime un procureur espagnol cité dans une note diplomatique américaine piratée par WikiLeaks et publiée mercredi par le quotidien britannique The Guardian.

Le procureur José Gonzalez, qui enquête depuis une dizaine d'années sur le crime organisé russe, "considère qu'on ne peut pas différencier entre les activités du gouvernement (russe) et les groupes du crime organisé", selon cette note diplomatique envoyée en février 2010 par l'ambassade américaine à Madrid.

Le procureur espagnol s'est dit également d'accord avec l'opposant russe Alexandre Litvinenko, assassiné à Londres en novembre 2006, selon qui son empoisonnement au polonium 210, une matière hautement radioactive, était le fait des organes de renseignement et de sécurité de l'Etat russe, qui sont selon lui "propriétaires du crime organisé".

"Certains partis politiques en Russie agissent main dans la main avec le crime organisé", considère le procureur selon cette note.

"Il (le procureur) explique que Parti libéral démocratique a été crée par le KGB et son successeur, le SVR, et abrite nombre de criminels endurcis", ajoute la note diplomatique, en référence au parti ultra-nationaliste de Vladimir Jirinovski.

Selon le procureur, il existe par ailleurs "des liens prouvés entre les partis politiques russes, le crime organisé et le trafic d'armes".

La note suggère que les autorités russes se servent de la mafia pour mener à bien des opérations qu'elles ne peuvent "décemment pas conduire en tant que gouvernement", comme la fourniture d'armes aux Kurdes pour déstabiliser la Turquie.

Le procureur espagnol est également convaincu que des responsables du renseignement russe étaient derrière l'affaire rocambolesque du cargo Artic Sea, soupçonné d'acheminer des armes à l'Iran en 2009, selon la note diplomatique.

Dans une autre note, envoyée peu après l'assassinat d'Alexandre Litvinenko, le secrétaire d'Etat adjoint américain d'alors, Daniel Fried, se demandait "si des éléments incontrôlés des services de securité pouvaient agir (...) sans que (Vladimir) Poutine n'en soit informé", sachant notamment "l'attachement aux détails" du Premier ministre russe.

Le haut responsable américain s'entretenait avec un conseiller diplomatique français de haut rang, selon cette note.

Loin de s'en tenir à la Russie, la mafia gouverne aussi virtuellement le Belarus et la Tchetchénie et exerce "un contrôle énorme" sur des secteurs vitaux de l'économie internationale, comme celui de l'aluminium, selon le procureur espagnol.