, envoyé spécial à Abidjan – Les Ivoiriens attendent toujours l'annonce des résultats partiels du second tour de la présidentielle. Hier soir, des représentants du camp présidentiel au sein de la Commission électorale indépendante (CEI) ont interrompu leur publication.
Initialement prévue dans la matinée de mardi, l’annonce des résultats partiels du second tour de la présidentielle - qui doit avoir lieu avant ce soir minuit - est toujours attendue ce mercredi, à la mi-journée. Une incertitude qui met le pays sous tension.
La France a demandé mercredi que le processus électoral en Côte d'Ivoire soit conduit à son terme. Un communiqué de l'Élysée indique qu'il est "essentiel que la Commission électorale indépendante annonce les résultats dans le délai prévu, c'est-à-dire avant ce soir".
Mardi soir, la confusion régnait au siège de la Commission électorale indépendante ivoirienne (CEI), à Abidjan. Deux représentants du chef de l’État au sein de l’organisation ont empêché la proclamation des résultats provisoires du second tour de la présidentielle, qui opposait dimanche le président sortant Laurent Gbagbo à l'ex-Premier ministre Alassane Dramane Ouattara (ADO).
Devant de nombreux journalistes, l’un des deux hommes a arraché des mains du porte-parole de la CEI, Bamba Yacouba, les feuilles sur lesquelles étaient inscrites les premières tendances du scrutin. "C’est un hold-up électoral ! Ces résultats n’ont pas été validés par la commission centrale !", ont lancé les protestataires à l’adresse de la presse, priée de plier bagages. Peu de temps après les troubles, le représentant spécial du secrétaire général des Nations unies en Côte d’Ivoire, Young-jin Choi, s’est rendu à la CEI afin, a-t-il alors affirmé, de s’informer des tenants et aboutissants de l’incident.
"Yacouba a agit en violation du mode opératoire unanimement admis par la CEI (...) et qui veut que l'on puisse consolider les résultats auprès de la commission centrale avant de les annoncer", expliquait aujourd'hui Pascal Affi Nguessan, porte-parole du candidat Laurent Gbagbo dont le camp a affirmé qu'il se battra jusqu'au bout pour faire invalider les votes frauduleux.
Plus de 48 heures après la fermeture des bureaux de vote, les Ivoiriens ne disposent que des chiffres issus des votes de la diaspora et du taux de participation des autochtones, estimé à 70 % environ.
itUn "climat globalement démocratique"
En attendant les résultats, les camps des deux finalistes s’accusent mutuellement d’avoir empêché le bon déroulement du scrutin dans plusieurs zones du pays. Depuis lundi, La Majorité présidentielle (LMP), sous les couleurs desquelles concourent Laurent Gbagbo, demande l’invalidation du vote dans trois régions du Nord, où Alassane Dramane Ouattara avait enregistré ses meilleurs résultats lors du premier tour.
Mardi après-midi, le camp Gbagbo a organisé une conférence de presse au cours de laquelle des observateurs déployés à Bouaké et Korhogo ont témoigné des attaques perpétrées à leur encontre par des éléments de l’ex-rébellion des Forces nouvelles (FN). Des accusations qualifiées d’"intoxications" par le porte-parole des anciens insurgés.
Le Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP), la coalition qui soutient Alassane Ouattara, a quant à elle dénoncé la logique de "confiscation du pouvoir" dont fait preuve le président sortant, tout en fustigeant les intimidations et les pressions exercées sur des électeurs dans le sud-ouest et dans le centre-ouest du pays.
Sans nier la réalité de certains incidents, la mission d’observation de l’Union européenne (UE) affirme que dans 96 % des bureaux de vote auquel elle a eu accès, le scrutin s’est déroulé dans des conditions acceptables. La veille, Young-jin Choi avait affirmé que le second tour s’était tenu dans un "climat globalement démocratique".
La CEI doit diffuser ses résultats au plus tard mercredi soir. Résultats qui seront ensuite soumis à l’avis du Conseil constitutionnel.