Bjorgvin Gudni Sigurdsson, ministre islandais des finances a annoncé dimanche sa démission. Il s'agit de la première d'un membre du gouvernement, suite à la crise qui frappe le pays depuis quatre mois.
AFP - Le ministre islandais du Commerce Bjorgvin Gudni Sigurdsson a annoncé dimanche sa démission, la première au sein de la coalition au pouvoir, reconnaissant sa responsabilité dans la crise économique qui secoue le pays nordique depuis quatre mois.
"Je suis vraiment désolé de ce qui est arrivé au secteur financier islandais", a-t-il déclaré lors d'une rencontre avec des journalistes.
Agé de 38 ans, M. Sigurdsson, député social-démocrate depuis 2003, avait été nommé ministre en mai 2007.
Il s'agit de la première démission depuis que la coalition (parti conservateur et parti social-démocrate) est au pouvoir et la première depuis la faillite du secteur bancaire en octobre.
"J'accepte ainsi ma part de responsabilité dans l'effondrement du secteur bancaire même si de nombreuses autres personnes ont leur part de responsabilité", a-t-il ajouté.
Sa démission entraîne en outre celle de Jonas Jonsson, directeur général de l'Autorité des marchés financiers (FSA), le ministère du Commerce étant en charge de cette institution.
M. Sigurdsson a expliqué qu'il n'avait pas démissionné avant malgré les nombreux appels à le faire car il pensait être en mesure de convaincre la population que le gouvernement avait pris ces derniers mois les bonnes décisions.
Ce départ intervient alors que les manifestations se multiplient pour réclamer une démission immédiate du gouvernement et bien que le Premier ministre Geir Haarde ait annoncé vendredi des élections anticipées le 9 mai au lieu de 2011.
"Ce fut sincèrement une surprise pour moi lorsqu'il m'a appelé ce matin. Pas seulement parce qu'il a fait du bon travail au sein de son ministère", a commenté la dirigeante du parti social-démocrate et ministre des Affaires étrangères, Ingibjorg Solrun Gisladottir.
La numéro 2 du gouvernement, qui s'exprimait dans différents médias islandais, a par ailleurs souligné qu'il était trop tôt pour dire qui remplacerait M. Sigurdsson et qu'elle espérait lui trouver une fonction ministérielle lors des prochaines élections.
Mme Gisladottir s'est par ailleurs entretenue dimanche avec le Premier ministre pour discuter du devenir de l'actuelle coalition, au plus bas dans les sondages et face à la montée de la formation Gauche-Verts.
Selon des sources proches, elle s'est efforcée de convaincre Geir Haarde de la nécessité de congédier le ministre des Finances Arni Mathiesen (conservateur) et par ricochet, les gouverneurs de la Banque centrale dont David Oddsson, ancien Premier ministre artisan de la libéralisation du secteur bancaire dans les années 90.
Ce dernier, très influent au sein du parti du Premier ministre (parti de l'Indépendance), bénéficie jusqu'alors d'un soutien sans faille de M. Haarde en dépit des pressions de la population et des politiques.
Interrogé dimanche sur l'éventuel départ de M. Oddsson, le chef du gouvernement a répondu: "je ne peux rien dire à ce sujet pour le moment".
"Il est important de contrôler le pays avec fermeté et ceux qui sont disposés à le faire, sont les bienvenus autour de la table", a-t-il ajouté.
De son côté, M. Gisladottir a indiqué à l'issue de la réunion que les discussions n'étaient pas terminées.
L'Islande, petite île de 320.000 habitants non membre de l'Union européenne, qui avait basé sa prospérité sur un secteur bancaire hypertrophié, a vu son économie terrassée par la crise internationale à l'automne.
En quelques jours, le gouvernement a pris le contrôle des trois grandes banques en manque de liquidités.