Après l'annonce de sa candidature aux primaires du PS, Ségolène Royal a estimé sur France Inter que Dominique Strauss-Kahn serait "le meilleur chef de gouvernement que la France pourrait avoir". Pas vraiment du goût de l’entourage de DSK...
AFP - Après l'entrée en campagne de Ségolène Royal pour les primaires socialistes, les regards se tournent vers les autres prétendants Aubry et Strauss-Kahn, silencieux jusqu'à présent, tandis que leurs entourages s'efforcent de banaliser la candidature de la présidente de Poitou-Charentes.
Après son annonce fracassante dans deux quotidiens de sa région, Mme Royal a développé mardi sur France Inter les raisons de son engagement anticipé, sept mois avant le dépôt prévu des candidatures: "il faut du temps pour convaincre les Français", "la droite est en campagne, "les Français doutent de l'efficacité de la politique". Elle devait rééditer l'exercice mardi dans le 20H00 de France 2.
Mme Royal a affirmé avoir "consulté" ses deux principaux rivaux, se défendant de semer le trouble, et a même tenté d'embarquer le patron du FMI, grand favori des sondages, dans sa propre stratégie.
"S'il revient, nous verrons quel est le meilleur dispositif gagnant", a-t-elle promis, tout en insistant sur le fait que DSK avait manifesté dans une récente interview sa volonté de rester jusqu'au bout de son mandat au FMI, à l'automne 2012.
Et s'il ne revient pas, "de toutes façons, il sera indispensable à notre équipe", a-t-elle dit, ajoutant: "ce serait "le meilleur Premier ministre que la France pourrait avoir".
Une affirmation qui a fait bondir les amis de DSK. "C'est inouï! Il va quitter Washington et le FMI pour devenir le Premier ministre de Ségolène Royal!".
Tenu par son absolu devoir de réserve, M. Strauss-Kahn ne se laissera pas bousculer et ne dira rien, disent-ils.
Quant à la patronne du PS Martine Aubry, elle n'a pas réagi et se trouvait mardi dans son fief de Lille "pour s'occuper des sans abri", "ce qui était prévu à son agenda", souligne son entourage.
Le numéro 2 du parti, Harlem Désir, s'est borné à dire que chacun était "libre de se présenter", assurant que tous les socialistes allaient "travailler ensemble".
Les réactions tendaient mardi à banaliser la candidature de Mme Royal et à insister sur l'unité du parti. "Il faut préserver ce qui reste de l'unité et montrer aux gens qu'on n'est pas obsédés par nos égos, qu'on est au travail", a-t-on expliqué à Solférino.
Ségolène Royal "a toute légitimité et le droit d'être candidate", a dit la strauss-kahnienne Marisol Touraine. "Sa candidature est normale, elle n'a jamais caché son jeu", a renchéri sur LCI Claude Bartolone, proche de Mme Aubry.
Il a de nouveau rejeté toute hypothèse d'avancée du calendrier des primaires -dépôt des candidatures en juin, scrutin à l'automne-.
Mais Mme Royal est de facto en campagne, donnant des arguments aux partisans d'une accélération du calendrier.
Pour Bruno Le Roux, proche du probable candidat François Hollande, l'afflux de candidatures (Manuel Valls, Arnaud Montebourg, Ségolène Royal..) risque d'entraîner "cacophonie" et "confusion".
"Il faut qu'avant le 15 juillet, nous ayons désigné notre candidat", a-t-il préconisé.
"Il faut que chacun garde son calme", a averti l'ex Premier ministre Laurent Fabius sur RMC, mettant en garde contre une "stratégie d'empêchement" d'une candidature DSK.
"Il ne faut pas que la libre présentation des candidatures tourne à la foire d'empoigne", a prévenu le strauss-kahnien Jean-Christophe Cambadélis.
Plus éloigné de Solférino, Jack Lang a qualifié la situation de "consternante". "Pauvre Parti socialiste!", a-t-il lancé.