Chez Kenzo, Antonio Marras pour sa première collection masculine propose le thème de l'Armée rouge, Franck Boclet évite les clichés de la crise, Hermès prend des couleurs et Ann Demeulemeester multiplie les superpositions.
AFP - Le pantalon va perdre son élégance formelle et prendre l'hiver prochain des allures de caleçon ou de legging, selon les collections de prêt-à-porter masculin présentées samedi à Paris.
Comme dans de nombreuses collections depuis le début des défilés jeudi, le pantalon a une nouvelle fois troqué son pli raide sur la jambe contre un plissé plus ou moins tire-bouchonnant sur bottes ou rangers.
Chez Emanuel Ungaro, il se contente de mouler la jambe, retroussé sur des chaussures montantes style rangers. "Les pantalons sont très slim" (étroits), souligne le styliste Franck Boclet.
Il s'est amusé à reproduire une coupe de jean étroit et taille basse avec la traditionnelle flanelle. Une pièce qui s'accompagne aussi bien d'une classique veste de costume que d'un blouson. "Je ne veux pas d'étiquette, ni classique, ni mode (...) mais casser les codes de l'élégance, les moderniser", dit-il.
Son vestiaire, à l'évidence réservé aux hommes minces, se décline en gris, noir, avec des touches de violet ou de fuchsia-framboise.
Chez Kenzo, pour sa première collection masculine, Antonio Marras, déjà chargé du prêt-à-porter féminin, s'est inspiré de la Russie. Il a proposé des pantalons d'aspect froissé, d'autres comme des caleçons enfilés dans des rangers et accompagnés de gros pulls brodés de motifs floraux.
Des broderies cloutées ou métalliques, aux motifs géométriques, illuminent cette garde-robe aux couleurs neutres (gris, taupe, crème, bleu passé), avec quelques éclats de couleur vive (moutarde, bordeaux, bleu pétrole).
Antonio Marras aime aussi les superpositions, plus présentes que jamais cette saison sur les podiums. Pulls, vestes, manteaux, tout se superpose, pour un style qu'il définit comme "décontracté, militaire et masculin, adouci par des détails poétiques".
Chez Smalto, on sait être d'une élégance classique en costume impeccable, mais on préfère se glisser dans un jogging en cachemire, se lover dans un gros gilet de laine grise à torsades ou dans un blouson en cachemire et laine, à col de fourrure.
L'homme Smalto n'est plus ce séducteur à l'élégance canaille applaudie par Gérard Depardieu et autres célébrités du show-biz lors des défilés. La griffe n'a pas défilé cette saison mais présenté une petite collection sur cintres.
L'ambiance est celle d'"un week-end à la campagne ou au ski", explique la styliste, Youn Chong Bak. D'où ces matières "très douces et légères, mais chaudes". "On ne veut pas tomber dans l'austérité", dit-elle.
Ann Demeulemeester non plus, qui a proposé un vestiaire dégageant une impression de rudesse mais aussi de douceur. Ses hommes portent de chauds pantalons/leggings dans de grosses bottes, d'épais gilets d'où dégringolent des tresses de laine. Comme toujours, elle multiplie les superpositions.
Issey Miyake a réédité certains de ses best-sellers, une démarche peut-être utile dans une contexte de crise économique, mais s'efforce également de créer "de nouveaux basiques", selon une porte-parole.
Pour l'hiver, son styliste Dai Fujiwara, lui aussi séduit par la maille, a dessiné de grosses vestes en patchwork de laine. Il propose aussi des manteaux en laine tissée avec un fil de soie aux couleurs changeantes.
Comme en contrepoint, chez Hermès, flanelle et cachemire chics règnent en maîtres. Un pull à col châle ou une parka ultra-légère jaune vif, des chemises à col foulard, des pulls bicolores (gris devant, dos rouge vermillon), des impressions pixel sur une chemise rompent le classicisme de ce vestiaire luxueux.