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Des milliers d'Irlandais ont défilé à Dublin pour protester contre le plan d'austérité de 15 milliards d'euros annoncé par les autorités. Ils réclament la démission du gouvernement, qui ne dispose plus que d'une courte majorité au Parlement.

La manifestation a été maintenue en dépit du froid et de la neige, et des bus ont été spécialement affrétés pour que les Irlandais puissent rejoindre le cortège. En milieu de journée, quelque 50 000 Irlandais ont défilé dans le centre de Dublin pour protester contre le plan d'austérité adopté mercredi par le gouvernement de Brian Cowen. Les mesures draconniennes annoncées sont présentées comme indispensables pour bénéficier d'un plan d'aide internationale, qui devrait être adopté d'ici à lundi matin.

Le gouvernement se trouve particulièrement fragilisé au moment où les Irlandais descendent dans la rue. Le parti au pouvoir, le Fianna Fail, a été largement boudé dans les urnes jeudi, lors d'une législative partielle. Brian Cowen ne dispose plus que d'une très faible majorité de deux sièges au Parlement.

"Le mot d'ordre des manifestants est simple, explique Hervé Amoric, correspondant de FRANCE 24 à Dublin. Le gouvernement, qui n'a plus la confiance de la population et n'est plus crédible pour les syndicats, doit immédiatement démissionner et organiser des élections générales. Les gens sont en colère, parce qu'on considère ici que ce sont les plus démunis qui vont faire les frais de la mauvaise gouvernance et des erreurs commises par les banquiers. Le plan d'austérité risque de coûter 90 000 emplois aux Irlandais, selon les syndicats [le gouvernement parle de 25 000 emplois publics supprimés]. Le salaire minimum va baisser et les impôts sont en hausse."

Mark Finley, un employé de la municipalité de Dublin âgé de 28 ans, affirme être venu manifester pour envoyer "un message clair" au gouvernement. "Mes revenus ont baissé de plusieurs milliers d'euros en deux ans, je n'y arrive plus", affirme-t-il à l'AFP.

"L'Eire n'est pas à vendre"

"Nous sommes le peuple, nous détenons les votes", "L'Eire n'est pas à vendre, pas au FMI", chantent d'autres manifestants. Ce plan est "une déclaration de guerre contre les travailleurs les moins bien payés", a estimé de son côté Jack O'Connor, le président du premier syndicat irlandais, le Sitpu.

L'itinéraire du cortège a été modifié pour éviter le quartier des banques, les autorités craignant des débordements. Quelque 700 policiers et un hélicoptère ont été mobilisés pour encadrer la manifestation.

Alors que le déficit public irlandais atteint actuellement 32 % du produit intérieur brut, le gouvernement a présenté un plan de mesures sévères visant à le ramener à 3 %. Il prévoit notamment 15 milliards d'euros de réductions budgétaires et de hausse d'impôts d'ici à 2014 et la baisse des allocations chômage et familiales, ainsi que des retraites des fonctionnaires.

"Le gouvernement dispose d'une majorité très fine, mais cela pourrait suffire pour adopter cette loi budgétaire le 7 décembre au Parlement, précise Hervé Amoric. Il pourrait ainsi rester au pouvoir jusqu'en début d'année prochaine et organiser des élections générales, probablement fin février."

Les ministres des Finances de la zone euro, puis des Vingt-Sept, devraient se réunir ce dimanche à Bruxelles pour débattre du vaste plan d'aide à accorder à l'Irlande, qui pourrait s'élever à 85 milliards d'euros. Ils doivent notamment définir le taux d'intérêt auquel le pays devra rembourser son emprunt. L'annonce d'un accord sur le plan de soutien devrait intervenir d'ici à lundi matin.