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À Paris aussi, la Chine entre dans l'année du Bœuf

À partir de lundi et pour une quinzaine de jours, le passage de l'année du Rat à celle du Bœuf sera fêtée par les 600 000 à 700 000 Chinois ou Asiatiques d'origine chinoise vivant en France, dont la moitié en région parisienne.

AFP - La communauté chinoise d'Ile-de-France, la plus grosse d'Europe, se prépare à célébrer le Nouvel An chinois, une fête familiale qui permet aux plus anciens de transmettre des traditions millénaires à la génération née en France et ne connaissant pas la Chine.

"Le Nouvel An chinois ou fête du Printemps est la fête la plus belle de l'année puisqu'elle symbolise le renouveau et il est important pour moi de la faire connaître à mes petits-enfants Dewei, âgé de 8 ans et Xinqian, âgée de 6 ans car ils sont nés en France et n'ont jamais été en Chine", explique Limei Ling, 51 ans, originaire du district de Wenzhou (sud-est de la Chine).

Mme Ling a fixé sur sa porte le signe Fu (bonheur) à l'envers pour cette célébration essentiellement familiale, qui consacrera à partir de lundi et pour une quinzaine de jours le passage de l'année du rat à celle du boeuf ou buffle de terre pour les 600.000 à 700.000 Chinois ou asiatiques d'origine chinoise vivant en France (dont la moitié en région parisienne).

A l'occasion de la deuxième nouvelle lune suivant le solstice d'hiver, symbole de renouveau, la famille va aussi nettoyer la maison et régler ses dettes comme le veut la tradition.

Mme Ling a déjà procédé à la cérémonie familiale d'adieu aux dieux du foyer qui doivent se rendre dans les cieux pour rapporter à l'Empereur de Jade les bonnes et mauvaises actions de la famille et reviennent traditionnellement au quatrième jour de l'an.

"On leur a offert des sucreries qui collent la bouche pour les empêcher de dire du mal de nous !", s'exclame Dewei, ravi.

Pour sa grand-mère, Dewei "ne pourra trouver son chemin dans la vie que s'il rend hommage aux ancêtres et aux dieux du foyer", comme le veut la tradition chinoise au premier jour de cette année 4707 du "calendrier agricole chinois".

Xinqian, elle, est surtout impatiente de recevoir "les enveloppes rouges" contenant des étrennes que les adultes glissent aux enfants après les échanges de voeux au sein de la famille, de l'aîné au plus jeune.

La petite fille aime aussi aider à préparer les aliments symboliques par le nom ou la forme qui marquent la fête du printemps pendant laquelle, se réjouit-elle, "on n'arrête pas de manger": raviolis en forme de lingot d'or chinois, symbole de prospérité; nouilles évoquant la longévité ou encore sucreries rondes représentant l'union familiale.

Pour M. et Mme Xiu, un couple de Wenzhou sexagénaires résidant dans le 3ème arrondissement de Paris, "il est très important de garder vivaces des traditions millénaires". "Nos quatre petits-enfants nés en France aiment particulièrement les visites de présentation des voeux à la famille, aux amis et aux collègues", explique Kuanti Xiu. "Et nous les emmenons voir une danse du lion et un défilé du dragon pendant lesquels ils adorent jeter des pétards pour chasser les esprits malfaisants".

Weiwei, elle, a "le coeur triste" en cette période de retrouvailles familiales. Cette quinquagénaire sans papiers a laissé son mari, son fils et son petit-fils dans la région du Dongbei (nord-est de la Chine) pour venir travailler en France après avoir perdu son emploi d'ouvrière dans le textile.

"Je rêve, dit-elle, de pouvoir prendre mon petit-fils par la main pour la fête des Lanternes", qui clôt les festivités du Nouvel An, le 9 février par un moment "magique de lumière et d'espoir".
 

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