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Des élus américains demandent à la Chine de faire pression sur Pyongyang

Après que des tirs d’obus en provenance de Corée du Nord ont atteint une île de Corée du Sud, mardi, plusieurs élus américains demandent à la Chine de faire pression sur Pyongyang. Deux soldats sud-coréens ont été tués dans l'attaque.

Face à la nouvelle crise coréenne, c’est à Pékin que se sont adressés, mardi, plusieurs ténors du Congrès américain. "J'invite instamment la Chine à jouer un rôle plus direct et responsable pour changer le comportement téméraire de la Corée du Nord", a notamment écrit le sénateur John McCain, ancien candidat républicain à la présidentielle.

De son côté, le président démocrate de la commission des Affaires étrangères de la Chambre des représentants, Howard Berman, a appelé la Chine à "suspendre immédiatement [son] aide économique et énergétique [à la Corée du Nord], pour montrer à Pyongyang que son agression a des conséquences".

L’armée sud-coréenne est en état d’alerte maximum après que la Corée du Nord a bombardé une île de Corée du Sud, tuant deux soldats et faisant une quinzaine de blessés.

Une cinquantaine d'obus

Séoul a aussitôt riposté par des tirs qui ont enflammé une heure durant une partie de la frontière entre les deux Corées. Quelques heures avant l’attaque nord-coréenne, Séoul indiquait que ses soldats procédaient à des essais de tirs dans la région.

Le gouvernement sud-coréen, qui souhaite éviter une escalade militaire après le bombardement nord-coréen sur l’île de Yeongpyeong, s’est néanmoins dit prêt à répondre "bien plus fortement" si les tensions augmentaient, a menacé un conseiller du gouvernement sud-coréen contacté par Reuters.

Selon la chaîne de télévision sud-coréenne YTN, une cinquantaine d'obus nord-coréens sont tombés sur l'île de Yeonpyeong, située en mer Jaune, dans une zone disputée par les deux Corées.

Peuplée d’un millier d’habitants et située à 120 kilomètres à l'ouest de Séoul,

l’île est régulièrement le théâtre d’accrochages entre les deux voisins. Mais ce nouvel incident figure d’ores et déjà parmi les plus graves depuis la guerre de Corée (1950-1953).

L'état-major sud-coréen a confirmé que des obus avaient atteint l'île, où sont stationnés des militaires, tandis que d’autres sont tombés en mer.

"Provoquer les États-Unis"

"La Corée du Nord veut ouvrir un nouveau chapitre de tensions avec Séoul mais aussi avec Washington" assure Sébastien Falletti, le correspondant de France 24 en Corée du Sud.

"Les tensions ont connu une certaine accalmie au cours des six derniers mois, car Pyongyang était concentré sur la succession de Kim Jong-il. Maintenant qu’elle est assurée, la Corée du Nord provoque à nouveau les États-Unis pour obtenir des concessions de la part d’Obama sur le dossier nucléaire" analyse-t-il.

Malgré l’heure avancée à Washington, la Maison Blanche a rapidement publié un communiqué dans lequel elle condamne "fermement" l’attaque et réclame l’arrêt des "actes de belligérance", tout en précisant qu'il est "prématuré" d'envisager une action militaire.

L'émissaire de Washington pour la Corée du Nord, Stephen Bosworth, est par ailleurs attendu mardi soir à Pékin où il doit rencontrer des responsables chinois pour évoquer la Corée du Nord.

Habituel allié de Pyongyang dans les négociations internationales, Pékin a néanmoins fait part de sa "préoccupation" et appelle les deux partis "à contribuer à la paix et à la stabilité dans la péninsule coréenne".

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Des élus américains demandent à la Chine de faire pression sur Pyongyang

La communauté internationale s'inquiète

La plupart des grandes puissances, dont la Russie, le Japon, la France et la Grande-Bretagne ont par ailleurs condamné ou fait part de leur préoccupation après le bombardement. 

La chef de la diplomatie de l'Union européenne, Catherine Ashton, a elle aussi "condamné fermement cette attaque de la Corée du Nord", demandant aux autorités de Pyongyang de "s'abstenir de toute action qui risque de créer une escalade". Varsovie et Copenhague ont réagi de manière similaire.

Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, "condamne l'attaque" nord-coréenne "et appelle à une retenue immédiate". Dans un communiqué, il se déclare "profondément inquiet de l'escalade de la tension dans la péninsule coréenne". En revanche, aucune réunion d'urgence du conseil de sécurité n'a été et ne sera organisé ce mardi.

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La communauté internationale s'indigne
Des élus américains demandent à la Chine de faire pression sur Pyongyang

"Le piège nord-coréen"

Ces tirs surviennent en outre quelques jours après des révélations sur l'existence d'un programme nord-coréen d'enrichissement d'uranium, qui fournirait à Pyongyang une alternative à la filière du plutonium pour la production d'armes atomiques.

Côté sud-coréen, le président Lee Myung-bak a tenu une réunion d'urgence et a assuré que son armée ripostera fermement à toute nouvelle provocation.

"Séoul ne veut pas tomber dans le piège nord-coréen", affirme Sébastien Falletti "Difficile pour la Corée du Sud d’afficher sa fermeté tout en évitant un dérapage qui pourrait entraîner un conflit généralisé".

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