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Le président Blaise Compaoré sollicite un nouveau mandat auprès des électeurs

Les électeurs burkinabè ont voté lors du premier tour de l'élection présidentielle, dimanche. Un scrutin dont l'actuel chef de l'Etat, Blaise Compaoré, est le grand favori. En poste depuis 23 ans, celui-ci devrait être reconduit dans ses fonctions.

Alors que Guinéens et Ivoiriens viennent de se rendre aux urnes pour élire leur président, le chef de l’État burkinabè, facilitateur des crises qui ont secoué les deux pays ces dernières années, était lui aussi appelé à affronter les électeurs, dimanche. Arrivé au pouvoir le 15 octobre 1987 à la faveur d’un coup d’État, Blaise Compaoré sollicite le suffrage de ses concitoyens pour effectuer ce qui devrait être, a priori, son quatrième et dernier mandat. Révisée en 2002, la Constitution burkinabè prévoit en effet que "le président est [désormais] élu pour cinq ans au suffrage universel direct, égal et secret" et que celui-ci n’est rééligible qu’une fois.

Le Burkina en chiffres

Population : 15,7 millions d’habitants (2009)

PIB : 8,14 milliards de dollars (2009)

PIB par habitant : 517 dollars (2009)

Taux de croissance : 3,5 % (2009)

Espérance de vie : 53 ans (2008)

Taux d’alphabétisation : 29 % (2007)

Classement IDH : 161e sur 169 (2010)

Sources : Banque mondiale, Pnud.

À dire vrai, le scrutin ne réserve guère de surprise. Élu et réélu à la présidence en 1991, 1998 et 2005, sans véritable opposant malgré les six autres candidats qui se sont lancés dans la course au palais de Kosyam, "l’enfant terrible de Ziniaré", comme l’ont surnommé ses compatriotes, est assuré d’être reconduit dans ses fonctions. D’autant plus que, de l’avis de tous les observateurs du landerneau politique burkinabè, l'homme fort de Ouagadougou n’a jamais abordé une élection dans une situation aussi confortable.

"Faiseur de paix", "pacificateur", "homme de paix" : depuis qu’il s’est impliqué - avec un certain succès - dans la résolution des conflits qui ont déchiré l’Afrique de l’Ouest ces dernières années, Blaise Compaoré passe pour un sage dans la sous-région. Le temps paraît loin où celui-ci était accusé par Nouakchott, Monrovia ou Yamoussoukro de déstabiliser ses voisins en proie à des rébellions armées…

Un enjeu : le taux de participation

"Le seul véritable enjeu est, en fait, celui de la mobilisation", confirme Augustin Loada, directeur exécutif du Centre pour la gouvernance démocratique (CGD), un observatoire basé à Ouagadougou. Aux dernières nouvelles, seuls 3,3 millions des 7 millions d’électeurs potentiels que compte le Burkina Faso se seraient inscrits sur les listes électorales, soit à peine un votant sur deux... Un enthousiasme plus que relatif qui tient en partie aux difficultés matérielles rencontrées par les autorités pour délivrer de nouvelles cartes d'identité plus sécurisées que les anciennes, mais pas seulement.

"La démobilisation tient également au fait que personne ne se fait d’illusion sur l’issue d’un scrutin dont le résultat est couru d’avance, reprend Augustin Loada. En outre, depuis plusieurs mois, un débat portant sur l’opportunité de réformer l’article 37 de la Constitution [celui qui limite à deux le nombre de mandats présidentiels, NDLR] s’est fait jour. Or, le président est toujours resté évasif sur ses intentions à ce propos. Pour beaucoup, cela signifie qu’il souhaite déverrouiller le système." Et que Blaise Compaoré, qui n’est âgé que de 59 ans, n'est pas prêt à passer le flambeau...

En cause également : les faibles retombées des progrès économiques et sociaux enregistrés par un pays qui demeure l’un des plus pauvres du continent africain (voir encadré ci-dessus). "La plupart des gens n’en ressentent pas l’impact. Si le pays se modernise, ils se rendent compte que tout le monde n’en profite pas et que les aspects positifs du développement sont captés par la couche supérieure de la population", poursuit le directeur exécutif du CGD.

À l'issue du premier tour, plus que le score du vainqueur, c’est donc le taux de participation à l’élection qu’il va falloir considérer avec attention.