Les Verts et Europe Écologie se sont officiellement rassemblés samedi à Lyon. Quelque 53 % des délégués du parti ont choisi "Europe Écologie-Les Verts" pour nom de cette nouvelle formation politique.
AFP - Nicolas Hulot, Daniel Cohn-Bendit, Eva Joly, Cécile Duflot et même Antoine Waechter : presque toute la famille écologiste était réunie samedi à Lyon pour la naissance officielle du rassemblement "Europe Ecologie-Les Verts", avec l'ambition affichée de devenir majoritaire.
Les quelque 2.000 militants sur place et sur internet (sur les 13.000 revendiqués) ont donc décidé de conserver, à 53,2%, le nom qu'avait pris le mouvement pour le succès des européennes en juin 2009 (16,3%).
"Il n'y a plus à partir de ce jour des Verts et des non-Verts, nous sommes tous des militants du nouveau mouvement", a dit Cécile Duflot, visiblement émue.
Pour ce moment "collectif", "d'incandescence et de plaisir" selon les mots de la patronne des Verts, les leaders "écolos", de Dominique Voynet à Noël Mamère et José Bové, sont montés en début de journée sur la scène de la cité des congrès, tout sourire.
Sur la chanson "La crise" qui avait accompagné la campagne des européennes, tous se sont dandinés à la tribune, Cohn-Bendit bras dessus bras dessous avec Antoine Waechter dont la présence à Lyon est critiquée au sein de son Mouvement écologiste indépendant (MEI).
Seuls manquaient à l'appel Génération Ecologie et Corinne Lepage (Cap21) qui a jugé le rassemblement trop à gauche.
Ce rassemblement, "Dany l'a rêvé, nous l'avons réalisé avec l'extraordinaire contribution de Cécile", a souligné Eva Joly, possible candidate à la présidentielle, saluant un "moment historique, synonyme d'espoir pour les citoyens".
Cohn-Bendit, lui, a mis un peu en sourdine ses critiques. L'eurodéputé, sans qui EE n'aurait jamais existé, était toutefois loin d'être enthousiaste.
"J'ai passé l'âge d'être béat devant mon fils", a-t-il ironisé, appelant à "rassembler au-delà de la gauche" pour battre Nicolas Sarkozy en 2012 grâce à l'écologie politique, une "force autonome" de la droite et de la gauche mais "pas contre la gauche".
Tout l'enjeu dans les prochains mois sera donc de proposer un projet crédible pour 2012. Avec un objectif: devenir majoritaire un jour.
"On écrit une nouvelle page de l'histoire" pour être "une "force autonome qui ne s'inscrit pas dans les vieux clivages gauche-droite", a assuré Mme Duflot, commettant, devant les caméras, un lapsus sur l'impossibilité de faire alliance "avec la gauche"...
Invité d'honneur, l'écologiste vedette Nicolas Hulot qui n'a pas exclu d'être candidat en 2012 même s'il n'est "pas certain" qu'on ait "besoin" de lui, "a souligné "l'espoir immense" soulevé par EE, félicitant les militants d'avoir "mis de côté (leurs) divergences" pour réussir le pari du rassemblement.
Mais pour arriver à la mutation écologique de la société, "ce ne sera pas en restant en circuit fermé que nous y parviendrons, enfin que vous y parviendrez!", a lancé l'homme du Pacte écologique de la campagne présidentielle de 2007, très applaudi par les militants scandant "avec nous, avec nous!"
Dans le nouveau "parti-réseau" dont la principale innovation est l'apparition d'un statut un peu flou de "coopérateur" pour les militants non adhérents, Cécile Duflot conservera l'exécutif et l'eurodéputé Jean-Paul Besset, proche de Hulot, prendra la tête du parlement.
Une direction provisoire en attendant le congrès du printemps 2011 où le spectre des querelles internes pourrait ressurgir, en pleine négociation avec le PS sur 2012 et avant les primaires écologistes où Yves Cochet est déjà candidat face à Eva Joly.
Pour Jean-Vincent Placé, les "trois bons candidats" pour la présidentielle restent Cécile Duflot, Eva Joly et Nicolas Hulot et "aujourd'hui, c'est Eva Joly qui en a le plus envie".