Le sunnite Oussama al-Noujaifi a été élu président du Parlement irakien. Cette élection était une étape indispensable pour sortir le pays d'une crise politique qui paralyse ses institutions depuis huit mois.
L'Irak est sur le point de sortir d’une longue crise politique. Le Parlement a élu, ce jeudi, son président, le sunnite Oussama al-Noujaifi, après un accord des principales forces politiques du pays, la veille, sur le partage du pouvoir. Un déblocage qui ouvre la voie à la formation d’un gouvernement que les Irakiens attendent depuis les législatives du 7 mars dernier, les deuxièmes organisées dans le pays depuis la chute de Saddam Hussein en 2003.
Le Parlement, qui ne s'était réuni qu'une seule fois depuis le scrutin pendant 17 minutes au mois de juin, a donc élu Oussama al-Noujaifi, député de la liste laïque Iraqiya, qui succède à un autre sunnite, Lyad al-Samarraï. Les députés devraient reconduire à la présidence du pays le Kurde Jalal Talabani et maintenir le Premier ministre chiite Nouri al-Maliki.
Pour le député chiite Ali Allak, interrogé par FRANCE 24, l'élection du président du Parlement doit "permettre de lever les derniers blocages et la reprise du travail parlementaire".
Paralysie des institutions
Le résultat des législatives du 7 mars est à l’origine de l’impasse, puisqu’aucune liste n'avait alors obtenu la majorité pour pouvoir gouverner seule. Le Premier ministre sortant, Nouri al-Maliki, et son rival Iyad Allaoui s'affrontaient depuis pour former un gouvernement. Le premier avait obtenu 89 sièges de députés avec sa liste "Alliance de l'État de droit", contre 91 sièges pour la liste laïque et multiconfessionnelle "Irakia" d’Iyad Allaoui.
L’Alliance nationale irakienne (ANI), qui rassemble des partis religieux chiites dont celui de l’imam radical Moqtada Sadr, était arrivée en troisième position, remportant 70 sièges, alors que les partis kurdes avaient obtenu 43 sièges sur les 325 que compte le Parlement. Depuis, l’incapacité des partis politiques à trouver un accord sur le partage du pouvoir avait entraîné une paralysie des institutions, ralenti le processus de reconstruction et exacerbé les tensions intercommunautaires dans un pays qui reste la proie de violences confessionnelles.
Sortie de crise
Fort du ralliement des Kurdes, de la mouvance sadriste et plus récemment de quelques députés sunnites dissidents du bloc "Irakia", Nouri al-Maliki a réussi à constituer une majorité, contrairement à son adversaire Iyad Allaoui qui revendiquait la victoire du fait que sa liste était arrivée en tête. Ce tour de force devrait permettre à Maliki de se succéder à lui-même à la tête du gouvernement. "Nous allons participer à la session parlementaire et appuyer sa nomination pour qu'il forme le prochain gouvernement, a déclaré Khadim al-Chimari, membre d'un groupe de plus de 30 parlementaires dissidents d'"Irakia", cité par Reuters. La question de la formation d'un nouveau gouvernement ne peut pas être repoussée davantage."
Une décision qui a fini par convaincre Allaoui d’accepter d’intégrer le futur gouvernement de "partenariat national". En compensation, celui-ci a obtenu pour son camp la présidence du Parlement, qui sera attribuée à un député sunnite. Il devrait également prendre la tête du Conseil national de la politique supérieure, chargé de prendre "les décisions stratégiques importantes".
L'accord semble donc avoir obtenu l’assentiment des sunnites, qui craignaient une marginalisation de leur communauté. Cette dernière avait régné sans partage sur l’Irak pendant l’ère Saddam. Exclue du pouvoir après la chute du régime baasiste en 2003, elle avait boycotté les législatives de 2005. Les sunnites avaient en revanche accepté de participer aux élections de mars dernier, à l'occasion desquelles ils avaient massivement voté en faveur de la liste d’Allaoui, un chiite laïc.
Reste à savoir si leur intégration au sein d’un gouvernement et leur participation au pouvoir suffira à calmer les tensions communautaires, attisées par les récentes attaques commises par des groupes affiliés à al-Qaïda.