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Houellebecq : "C'est mon livre le plus fluide, le plus suave"

Les dix membres du jury Goncourt disent avoir mis "une minute et 29 secondes" pour choisir leur lauréat cette année : Michel Houellebecq et son livre "La Carte et le Territoire" (Flammarion). Réaction à chaud de l'intéressé.

Restaurant Drouant, à Paris, lundi midi, Michel Houellebecq arrive pour recevoir le prix Goncourt, qui récompense son dernier roman, "La Carte et le Territoire" (Flammarion). Il est attablé avec les dix membres du jury du Goncourt, tandis que des dizaines de journalistes se pressent autour de lui. Les assiettes sont encore vides, et le lauréat émiette nerveusement un bout de pain. Les photographes lancent des "Michel !" pour attraper son regard. Au milieu de la cohue, il répond aux questions.

Première réaction à chaud :

"Je suis quand même très content. Profondément. Je suis heureux." Rires de l'assemblée. On n’était pas habitué à ça, voir Michel Houellebecq heureux ! "Oui peut-être. Non mais, je ne suis pas si sinistre que ça, si ? J’ai une réputation, mais je ne me trouve pas sinistre, dans la vie privée en tout cas."

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C’est votre meilleur livre ?

"Je me mets à avoir une opinion sur mes livres quelques années après… et je ne pense pas que l’auteur soit très bien placé pour répondre à cette question. C’est celui où j’ai fait le plus d’effort de fluidité de lecture, de suavité. C’est peut-être le plus facile à lire, et en même temps le plus compliqué en construction. J’ai essayé de dissimuler cette construction. Mais est-ce le meilleur livre ? Je ne sais pas."

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À quoi sert le prix Goncourt ?

"Il y a des gens qui sont au courant de l’existence de la littérature française contemporaine parce qu’il y a le prix Goncourt ! Et j’en ai fait partie : quand j’étais adolescent, je lisais des classiques en collection de poche ; en littérature de mon époque, je lisais des romans policiers et de la science-fiction américaine. Et je me mettais à repenser qu’il existait une littérature française contemporaine à cause du Goncourt. Ça joue ce rôle-là. Et ce n’est pas rien."

 Le souvenir d’un livre que vous avez découvert ainsi ?

"Malheureusement, il n’était pas très bon celui que j’ai acheté… Mais je ne veux pas en parler."

Comment repensez-vous à vos deux occasions manquées d’avoir le Goncourt : pour "Les Particules élémentaires" (1998) et pour "La Possibilité d’une île" (2005) ?

"Je suis quelqu’un qui oublie les mauvaises choses. Le jour où j’ai raté le prix Goncourt, pour "Les Particules élémentaires", j’étais tellement surpris d’être à la fin, dans la dernière sélection, que cela reste une bonne journée dans ma vie. Je suis allé chez François Nourissier [écrivain et ami, NDLR], il m’a dit : 'on a pris une belle pâtée !'

Le Goncourt n’est pas quelque chose auquel on pense spontanément. [Pour "La Carte et le Territoire"], je me suis mis à y penser vraiment, quand j’ai vu que ça tenait tellement à cœur à François."

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Est-ce votre livre le plus consensuel ?

Je ne crois pas. En fait, je ne sais pas. La vérité, c’est que je ne sais pas pourquoi j’ai reçu ce prix.

Vous faites un plan du livre ? Comment avez-vous décidé de la fin du livre ?

Je ne fais pas de plan. Et de temps en temps, je me demande s’il ne faut pas revoir la construction, parce que c’est un peu bizarre. Je fais des moments d’arrêt. Mais je ne fais pas de plan, non.

Toutes les caméras, tous ces photographes, ça vous évoque quoi ?

C'est extrêmement étrange. Si on ne savait pas que ça va s’arrêter, ça pourrait être une image de l’enfer assez crédible !

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Houellebecq : "C'est mon livre le plus fluide, le plus suave"