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Le "Tchernobyl roulant" arrive en Allemagne

Le convoi de 11 containers de déchets radioactifs est sur le point d'atteindre l'Allemagne, après que son trajet a été modifié dans la nuit. À Gorleben, des centaines de militants antinucléaires l'attendent de pied ferme.

Le convoi a été rebaptisé le "Tchernobyl roulant" ou le "train de l’enfer" par les militants écologistes. Ses onze containers de déchets radioactifs, retraités à l’usine Areva de La Hague (ouest de la France), ont quitté vendredi l'Ouest de la France et était en passe, samedi midi, de franchir la frontière aux alentours de Lauterbourg (Bas-Rhin).

Son parcours français a été modifié dans la nuit de vendredi à samedi, pour rattraper un retard dû à un blocage en début de parcours.

Bien qu'Anne Lauvergeon, présidente d’Areva, se veuille rassurante sur les conditions de transport, les écologistes dénoncent un convoi dont le taux de radioactivité atteindrait des niveaux historiques.

"Il s'agit du transport le plus radioactif qui ait jamais eu lieu. Ce transport concentre au moins deux fois plus de radioactivité que le total des pollutions radioactives émises par la catastrophe de Tchernobyl", affirme le réseau français Sortir du nucléaire dans un communiqué.

Gorleben, bastion de la contestation antinucléaire

Le train, appelé Castor, doit arriver samedi à Gorleben, après un parcours jalonné de manifestations antinucléaires, qui trouveront leur point d'orgue au terminus où près de 30 000 personnes sont attendues.

"Cette année, pour la première fois, on va ‘ballaster’ le Castor. Notre plan consiste à enlever tout le ballaste d’un côté du rail et en laisser de l’autre, comme ça, si un train passait dessus, il déraillerait", explique un activiste au micro de FRANCE 24.

À Gorleben, les militants antinucléaires vivent au rythme de la résistance contre l’atome depuis 30 ans. Cette petite ville de Basse-Saxe accueille les déchets radioactifs qui sont stockés depuis 1983 dans des entrepôts, en attendant d’être enfouis un jour, peut-être, dans un site définitif.  

Mais les autorités allemandes n'ont jamais cherché à stocker leurs déchets radioactifs ailleurs qu’à Gorleben, site dont les couches géologiques sont considérées comme étant les mieux adaptées au stockage profond.

Personne dans la région ne semble plus croire que les déchets quitteront un jour le site. "On nous a dit pendant des dizaines d’années qu’il s’agissait d’un site de prospection. Mais, concrètement, ils ont toujours travaillé sur la construction du site", explique Heinrich Pothmer, un agriculteur en première ligne de la contestation antinucléaire.

L’affaire prend une dimension politique

L’affaire Gorleben a pris une dimension politique et une commission parlementaire a été mise en place pour tenter de déterminer comment et pourquoi le site de Gorleben a été choisi.

Seulement voilà, le Parlement allemand vient d’entériner un projet de loi sur l’allongement  de la durée de vie des centrales nucléaires. Douze ans de fonctionnement supplémentaires pour les 17 réacteurs nucléaires allemands, alors que le pays était censé sortir du nucléaire en 2020. Cela représente, pour Gorleben, 500 containers de déchets supplémentaires à stocker. Mais, selon les sondages, l'opinion publique est majoritairement hostile à cette décision.

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"Quand la décision de sortir du nucléaire a été prise, au moment où les Verts et les socio-démocrates sont arrivés au pouvoir en 1998, cela a été un véritable soulagement pour la population allemande dont la majorité est opposée à l’utilisation du nucléaire civil", explique Anne Mailliet, correspondante de FRANCE 24 à Berlin.

Lors du transport de déchets nucléaires en 2008 près de 16 000 policiers avaient été déployés en Allemagne. Le train était resté bloqué pendant 14 heures à la frontière par des militants.