logo

François Fillon manifeste le souhait de rester à Matignon

"Je crois à la continuité de notre politique réformiste parce que l'on ne gagne rien à changer de cap au milieu de l'action", a lancé jeudi le Premier ministre François Fillon à Matignon, alors que le remaniement se profile .

AFP - François Fillon a signifié mercredi soir à Nicolas Sarkozy son souhait de rester à Matignon en pilonnant en creux Jean-Louis Borloo, le favori pour lui succéder.

Devant un parterre d'ingénieurs réunis à Matignon, le Premier ministre a saisi cette occasion pour vanter son bilan social au moment où le ministre de l'Ecologie insiste sur la nécessité de restaurer un dialogue social après la réforme des retraites.

"Je crois à la continuité de notre politique réformiste parce que l’on ne gagne rien à changer de cap au milieu de l’action et parce que le redressement de la France réclame de la durée", a lancé François Fillon.

Manière pour lui de répondre au chef de l'Etat qui, par deux fois, les deux dernières semaines au cours d'entretiens avant ou après le Conseil des ministres, lui a demandé de dire, selon plusieurs sources gouvernementales, ce qu'il désirait.

Mais rien n'était venu et François Fillon était resté muet sur ses intentions.

Mercredi soir, il est sorti du bois, en se présentant comme le défenseur du "dialogue social", en assurant que rien n'était "plus injuste" que de "dire que les liens avec les partenaires sociaux ont été négligés" depuis 2007.

"Cette politique est équilibrée, et ce n’est pas en la faisant basculer à gauche ou à droite que l’on obtiendra des résultats. Cela n’est pas non plus en reniant ce que l’on a fait ou en nous excusant d’avoir réformé que nous convaincrons nos concitoyens. Les Français nous jugeront sur notre cohérence, notre droiture et notre franchise", a déclaré le Premier ministre, qui compte de nombreux soutiens chez les parlementaires UMP.

"Nous avons des défis à relever qui ne se prêtent nullement à des virages tacticiens", a poursuivi M. Fillon, en forme de plaidoyer pro domo.

Pour lui, donc, pas besoin de changer de Premier ministre pour restaurer un dialogue social, qui existe. Et donc, pas besoin d'un Jean-Louis Borloo, qui vante son Grenelle de l'environnement comme méthode de gouvernement.

A plusieurs reprises, d'ailleurs M. Sarkozy s'est agacé que l'on évoque un "tournant social" à l'occasion du remaniement. "Une maladresse", a-t-il dit, à plusieurs reprises, selon des responsables de la majorité, en expliquant que la réforme des retraites c'était "du social" et que l'emploi c'était "du social" et qu'il continuerait ainsi, car pour lui, il ne faut pas confondre "social et assistanat".

"Fillon va renvoyer la balle dans le camp de Nicolas Sarkozy en disant qu'il veut rester", pronostiquait dès dimanche auprès de l'AFP une source gouvernementale, en jugeant que ce n'était pas le meilleur scénario pour le président, peu enclin à trancher dans le vif.

Les proches de Jean-Louis Borloo ont accueilli mercredi soir avec flegme les déclarations de M. Fillon, estimant que c'était un peu un baroud d'honneur. Les deux hommes ne se sont jamais appréciés, mais depuis quelques semaines, leur animosité a pris un tour plus virulent, le Premier ministre qualifiant de "zozo" son éventuel successeur. "Ce ne sont que des boules puantes!", confie régulièrement à ses visiteurs M. Borloo, pour signifier que cela ne l'atteint pas.

"François Fillon n'a qu'un but, pilonner son successeur, que ce soit Borloo ou un autre", estimait mercredi soir un proche du ministre, ajoutant: "Fillon parle aux parlementaires quand Borloo parle aux Français".

Le ministre de l'Ecologie pense avoir jeudi une revanche à Troyes, le fief du ministre du Budget François Baroin. Invité mardi par le chef de l'Etat à l'accompagner, il y voit le témoignage d'une confiance, au moment où le maire de Troyes se verrait bien en successeur de François Fillon, au nom du saut générationnel.