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Fidel Castro dit ne plus vouloir "gêner" le gouvernement de Raul

Le père de la Révolution cubaine, âgé de 82 ans, a appelé les membres du Parti communiste et du gouvernement à poursuivre leur travail malgré sa "grave maladie ou sa mort", tout en assurant qu'il se portait "bien".

AFP - Le Père de la Révolution cubaine, Fidel Castro, 82 ans, a annoncé jeudi avoir "réduit" ses éditoriaux dans la presse pour ne pas "interférer" dans les décisions du gouvernement de son frère Raul qu'il a appelé à poursuivre le travail malgré sa "grave maladie ou sa mort".

Le "Comandante", qui a assuré se "sentir bien", a semblé vouloir donner une explication à son silence médiatique d'un mois, qui avait suscité des rumeurs sur une aggravation de son état de santé, classé secret d'Etat.

"J'ai diminué les Réflexions comme je me l'étais proposé pour la présente année, afin de ne pas interférer ou de gêner les compagnons du Parti et de l'Etat dans les décisions qu'ils doivent prendre" face à la crise financière mondiale, a écrit l'ancien président cubain dans un commentaire publié sur le site internet officiel cubadebate.cu.

"Je me sens bien, mais j'insiste: aucun d'eux ne doit se sentir impliqué par mes éventuelles Réflexions, ma grave maladie ou ma mort", a-t-il ajouté, laissant entendre que ses commentaires, plus d'une centaine en moins d'un an, auraient pu indisposer certains membres d'un Parti divisé entre pragmatiques et conservateurs.

Fidel Castro a dû céder le pouvoir en juillet 2006 à son frère Raul, numéro deux du régime, à la suite d'une grave hémorragie intestinale. Il n'a plus fait depuis d'apparition publique mais reste présent sur la scène médiatique par le biais de ses réflexions dans lesquelles il se pose en gardien de l'orthodoxie.

"J'ai eu le rare privilège de pouvoir observer pendant très longtemps l'actualité. Je reçois l'information et médite calmement sur les événements. J'espère ne pas avoir à jouir d'un tel privilège dans quatre ans quand le premier mandat présidentiel de (Barack) Obama sera achevé", a-t-il conclu ce message intitulé le "onzième président des Etats-Unis" depuis la Révolution cubaine de 1959.

Il y a de nouveau vanté Barack Obama, son "visage intelligent et noble", "sa sincérité quand il dit qu'il veut convertir son pays en un modèle de liberté", tout en répétant douter de sa capacité à mener à bien ses idées dans le "système" américain.

Castro avait publié mercredi sa première "réflexion" depuis le 15 décembre -hormis un laconique message pour les fêtes du cinquantenaire de la Révolution - après un entretien avec l'Argentine Cristina Kirchner, premier chef d'Etat étranger à être reçu depuis novembre dans la "retraite médicale" du "Comandante".

Mme Kirchner a assuré avoir conversé pendant une heure avec un Fidel Castro qui, a-t-elle dit, l'a reçue "debout, comme un monsieur".

Raul Castro, 77 ans, a lui affirmé mercredi que si son frère était gravement malade, il ne pourrait effectuer, comme il est prévu, un voyage présidentiel en Russie à la fin du mois.

"Il fait de l'exercice, pense beaucoup, écrit beaucoup, me conseille et m'aide", a assuré Raul Castro qui, sans charisme au contraire de son frère, semble avoir gagné en prestance ces derniers temps à la tête de l'Etat.

Raul Castro a effectué à la mi-décembre sa première visite à l'étranger en tant que chef d'Etat, au Venezuela puis au Brésil pour un méga-sommet des pays d'Amérique latine qui a été un succès diplomatique pour Cuba.

Raul Castro a promis à son arrivée au pouvoir des "réformes structurelles" pour relancer une économie exsangue, contrôlée à 90% par l'Etat, et a rompu avec le dogme communiste de l'égalitarisme en autorisant le déplafonnement des salaires.

Mais les réformes n'ont guère avancé depuis, freinées ou bloquées selon des experts par l'aile conservatrice du Parti qui doit en principe tenir en octobre un important congrès - le premier depuis 1997 - pour définir la politique à suivre.