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BP repasse dans le vert, mais digère encore la marée noire

Le géant britannique British Petroleum (BP) a annoncé un bénéfice net de 1,785 milliard de dollars au troisième trimestre 2010. En juin, il avait essuyé une perte de 16,9 milliards. Mais la facture de la marée noire pourrait encore augmenter.

L’horizon recommence à s’éclaircir pour British Petroleum (BP). Six mois après le début de la marée noire dans le Golfe du Mexique, le pétrolier britannique a annoncé, mardi, un bénéfice net de 1,785 milliard de dollars au troisième trimestre. Un retournement de situation spectaculaire pour le groupe, qui avait essuyé en juin dernier des pertes de 16,9 milliards. BP explique ce regain de forme par un "environnement bénéfique", notamment l'augmentation du prix du pétrole, ainsi que par un très bon trimestre de ses branches marketing et raffinage.

Marée noire et vague de billets verts

Ce retour au temps des profits peut étonner, alors que le groupe britannique vient tout juste de mettre un terme à la pire marée noire de l’histoire des Etats-Unis. "Nous avons bien progressé ce dernier trimestre", s’est contenté de commenter mardi Bod Dudley, le patron de BP qui a remplacé Tony Hayward, au 1er octobre. Est-ce pour autant un retour au "business as usual" pour le groupe ?

Pas vraiment, car la page de la marée noire est encore loin d’être tournée. Lors de la présentation des résultats, BP a ajouté qu’il augmenterait de 7,7 milliards de dollars la provision pour éponger les frais engendrés par la catastrophe Deepwater. L’ensemble des sommes mises de côté s’élève dorénavant à 39,9 milliards.

D'éventuels coups de pouce du Japon et... d'Halliburton

Le pétrolier britannique se bat également pour ne pas porter seul la responsabilité financière de la marée noire. Il a expliqué mardi avoir demandé à Moex Offshore, filiale de la maison de commerce japonaise Mitsui and Co, de lui verser 1,3 milliard de dollars. BP réclame cette somme en vertu du fait que l'entreprise japonaise détient 10% du puits de forage concerné. Moex Offshore a pour l'instant indiqué être en attente des résultats des enquêtes en cours pour décider (ou non) d'un versement.

Côté enquête justement, BP a reçu le 29 octobre un coup de pouce de la part de la commission spéciale d’enquête sur la marée noire. Un des rapports indique justement que la compagnie Halliburton, en charge du coffrage en ciment du puits de pétrole à l'origine de la marée noire, était au courant d’un défaut dans la stabilité du mélange utilisé - et ce dès le mois de mars. Certes, la commission indique que BP était également consciente du problème, mais la mise en cause d’Halliburton pourrait lui permettre de ne pas régler seul toutes les éventuelles amendes.

Le géant britannique est en effet poursuivi aux Etats-Unis sur la base du "Clean Water Act" (loi sur les eaux propres). Selon son degré de responsabilité, il risque, selon le Washington Post, jusqu’à 17,5 milliards de dollars d’amendes.