
Les autorités cubaines ont décidé de libérer trois détenus, dont le plus ancien prisonnier politique incarcéré depuis 1985, selon l'Église catholique, médiatrice dans le dossier. 47 prisonniers ont déjà accepté d'être exilés en Espagne.
AFP - Trois détenus cubains, dont le plus ancien prisonnier politique, selon la dissidence, seront prochainement libérés et envoyés en exil vers l'Espagne, ce qui portera à 50 le nombre total de détenus relâchés depuis juillet, a annoncé lundi l'Eglise catholique.
"Ils seront libérés prochainement et cela portera (depuis juillet) à 50 le nombre de prisonniers ayant accepté la proposition de sortir de prison pour être transférés vers l'Espagne" avec leur famille, a indiqué dans un communiqué l'Eglise, médiatrice dans ce dossier.
Les autorités n'ont toutefois pas encore relâché 13 des 52 opposants arrêtés en mars 2003 - les seuls cubains considérés comme des prisonniers de conscience par l'ONG Amnesty International - qu'elles avaient promis en juillet à l'Eglise de libérer peu à peu d'ici à dimanche prochain.
Parmi les trois détenus devant être libérés prochainement et ne faisant pas partie des "52" figure Adrian Alvarez, 44 ans, le plus ancien "prisonnier politique" selon la Commission cubaine pour les droits de l'Homme, une organisation illégale mais tolérée.
M. Alvarez purge depuis 1985 une peine de 30 ans de prison pour "espionnage" et "atteinte à la sécurité d'Etat" pour avoir notamment volé des armes à des "fins de rébellion" lorsqu'il effectuait son service militaire, selon Elizardo Sanchez, porte-parole de la Commission.
Les deux autres détenus devant être libérés sont Fidel Basulto, condamné en 1994 à 30 ans pour "piraterie", et Joel Torres, accusé "de délit migratoire" et dont le cas n'est pas suivi par la Commission cubaine.
Par ailleurs, l'opposante Martha Beatriz Roque et d'autres dissidents ont dénoncé la détention provisoire dimanche de Reina Tamayo et d'autres opposants qui étaient allés se recueillir à Banes (850 km à l'est de La Havane) sur la tombe de l'opposant Orlando Zapata, fils de Mme Tamayo, mort des suites d'une grève de la faim, en scandant des slogans contre les frères Castro. Mme Tamayo était injoignable dans l'immédiat.
Des opposants, considérés par La Havane comme des "mercenaires" à la solde des Etats-Unis, accusent le régime d'avoir inclus des prisonniers de droit commun dans le processus de libération des "52" pour tenter de discréditer leur mouvement.
Les 13 devant encore être libérés dans le cadre de l'accord avec l'Eglise refusent l'exil ou une libération conditionnelle, selon leurs proches.
Le gouvernement de Raul Castro avait décidé ces libérations en juillet alors que l'opposant Guillermo Farinas observait depuis plus de trois mois un jeûne de protestation après la mort controversée en février d'Orlando Zapata.
Suivant de près ce processus de libérations, l'Union européenne s'est donnée jusqu'à décembre pour décider si elle allait assouplir sa politique de fermeté à l'égard de l'île communiste, par ailleurs sous embargo américain depuis 48 ans.