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La visite de Medvedev aux îles Kouriles provoque l'ire de Tokyo

Le Japon a qualifié de "très regrettable" la visite éclair du président russe Dmitri Medvedev aux îles Kouriles, une première depuis 1945 pour un chef d'État russe. Le territoire est l'objet de tensions entre les deux pays depuis soixante-cinq ans.

AFP - Le président russe Dmitri Medvedev s'est rendu lundi aux îles Kouriles, une première pour un chef d'Etat russe depuis 1945 sur ces territoires, objet d'une dispute avec Tokyo depuis la Seconde guerre mondiale.

Cette visite-éclair a immédiatement suscité les réactions indignées du Japon. Le Premier ministre Naoto Kan a jugé "très regrettable" cette initiative.

"La position du Japon étant que les quatre îles des Territoires du Nord font partie du territoire japonais, la visite du président est très regrettable", a déclaré M. Kan au Parlement.

De son côté, le ministre japonais des Affaires étrangères, Seiji Maehara, a convoqué l'ambassadeur de Russie à Tokyo, en geste de protestation.

A sa sortie du ministère, l'ambassadeur Mikhaïl Bely a déclaré à la presse: "Je lui ai dit qu'il s'agissait d'une question intérieure russe. J'ai demandé au Japon de traiter cette affaire de manière calme et équitable".

La visite spectaculaire de M. Medvedev, arrivé à Kunashir, l'une des quatre îles de l'archipel constesté --appelées en Russie Kouriles du Sud et Territoires du Nord au Japon-- a duré quatre heures.

Elle intervient peu avant le déplacement du président russe au Japon pour le sommet de la coopération économique Asie-Pacifique (Apec) le 12 novembre.

Le chef du Kremlin a notamment visité une station géothermique et rencontré des habitants.

M. Medvedev s'était engagé fin septembre à se rendre "dans un avenir proche" aux Kouriles, "une région très importante" de Russie avait-il souligné, provoquant de vives protestations de Tokyo.

Le chef de la diplomatie japonaise, M. Maehara, avait alors averti qu'une telle visite affecterait "durement les relations" entre les deux pays.

Son homologue russe, Sergueï Lavrov, a souligné samedi que le chef de l'Etat était libre de choisir "les régions russes" qu'il visite. "Je ne vois aucun lien" entre une visite aux Kouriles et les relations russo-japonaises, a-t-il déclaré.

Moscou et Tokyo se disputent quatre îles de l'archipel des Kouriles (Habomai, Shikotan, Etorofu et Kunashiri), les Territoires du Nord des Japonais. Elles avaient été annexées par les Soviétiques le 18 août 1945, trois jours après l'annonce de la capitulation du Japon. Etorofu est appelée Iturup par la Russie et Kunashiri est appelée Kunashir.

Ce différend empêche depuis 65 ans la signature d'un traité de paix entre les deux pays.

Relancées après la chute de l'URSS en 1991, les négociations n'ont toujours pas abouti.

Lors de la présidence de Boris Eltsine, Moscou avait songé à restituer ces territoires au Japon, mais la violente réaction des nationalistes et des communistes avait anéanti ce projet de conciliation.

L'ex-président russe et actuel Premier ministre Vladimir Poutine avait proposé dès 2004 de restituer sous condition au Japon deux des quatre îles disputées, mais Tokyo a jugé la proposition inacceptable.

Après l'arrivée au Kremlin de Dmitri Medvedev, les Japonais ont exprimé leur espoir de voir un compromis émerger, jugeant en mai 2009 que le nouveau président russe avait "une approche originale, nouvelle" sur ce problème. Mais depuis, aucune avancée n'est intervenue.

Tokyo suscite régulièrement la colère de Moscou en revendiquant ces îles, "des territoires inhérents au Japon, ayant été hérités de génération en génération par le peuple japonais et n'ayant jamais appartenu à un autre pays", selon les autorités japonaises.

Plusieurs hauts responsables russes, dont M. Lavrov, se sont rendus sur ces îles, provoquant en retour le mécontentement de Tokyo.

En 2005, le Parlement européen a adopté une résolution appelant la Russie à restituer au Japon "les Territoires du Nord".

L'archipel, une longue chaîne de petites îles volcaniques, s'égrène en arc entre la presqu'île russe du Kamtchatka au nord et la grande île japonaise d'Hokkaïdo au sud.

Tags: Russie, Japon,