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C'était mieux avant... ou pas ?

Lors de la Paris Game Week, de nombreux éditeurs présentent leurs nouveautés technologiques dans un contexte de démocratisation du jeu vidéo. Une ruée pour plaire au plus grand nombre qui n'enchante pas tout le monde.

Kinnect de Microsoft, Playstation Move, jeux en 3D : autant d’innovations, présentes à la Paris Game Week, qui reflètent la profonde mutation de l’industrie du jeu vidéo ces dernières années. Cette industrie se démocratise, et cherche à attirer un public toujours plus large. Si le Kinnect ou le Playstation Move tente de remplacer ou de faire disparaître la bonne vieille manette, les jeux en 3D veulent offrir une expérience plus réaliste. Ces changements ont néanmoins crée un sentiment de nostalgie au sein de la vieille garde des joueurs. France 24 a cherché à confronter leur vision à celle de professionnels du secteur. Alors c’était mieux avant ?

Les professionnels :

Abdelhack El Guess, chef de projet pour "Michael Jackson, the experience" (Ubi Soft)

"J’ai commencé à travailler dans le jeu vidéo il y a une dizaine d’années pour Rayman 2. C’est sûr que les choses ont changé. Avant, on pouvait faire des titres à 2 ou 3, aujourd’hui, un projet comme Michael Jackson nécessite une équipe de 200 personnes. La plus importante évolution c’est l’élargissement du marché à des nouveaux types de joueurs. Du coup, il nous faut satisfaire des exigences très différentes pour un seul et même titre. C’est plus difficile, mais plus intéressant aussi.".

Gregory Fischback, ancien fondateur du groupe Acclaim et pdg de Yoostar

"Vous voulez savoir s’il y a une différence entre l’époque où quatre personnes ont créé le premier jeu Ghostbuster dans les années 90 en six semaines et aujourd’hui où un projet comme Yoostar 2 (dans lequel on peut incarner des personnages de films réels et revivre des scènes de films cultes, NDLR) a nécessité plusieurs années de développement et 60 personnes dont 20 pour la page Facebook ? Je vais vous étonner, mais en fait pas vraiment. Mis à part le côté technique, le moteur de la création demeure le même : créer des jeux faciles à prendre en main et difficiles à maîtriser. En ce sens, la révolution d’une plus grande démocratisation du jeu vidéo n’a fait que renforcer cet aspect. Il faut penser des jeux assez simples pour des personnes qui découvrent cet univers et suffisamment riches pour intéresser les joueurs de toujours. Pour moi, c’est encore plus amusant qu’avant !"

Les joueurs :

Mathieu, 23 ans, vendeur chez Virgin

"Je joue depuis l’âge de 6 ans et le premier jeu dont je me souvienne est Tortue Ninja sur GameBoy (de Nintendo). Pour moi, c’est sûr que le jeu vidéo était mieux avant. Aujourd’hui, tout est plus simple, plus court, le gameplay (plus ou moins la jouabilité, NDLR) s’est notablement appauvri au fil des ans. C’est dû à la démocratisation du jeu vidéo et de l’envie des studios de plaire au plus grand nombre. Les gadgets comme le Kinnect et le Playstation move l’illustrent très bien. Pour moi c’est ridicule, je préfèrerai toujours la sensation d’une manette. "

Thomas, 24 ans, commercial à la recherche d’un emploi :

"Je joue depuis une quinzaine d’années et j’ai l’impression que de nos jours les jeux offrent une sensation d’immersion plus grande qu’à l’époque. En ce sens, l’évolution est plutôt bonne. On a davantage l’impression de vivre une aventure. En revanche, cette chasse au plus grand nombre de joueurs ne me convient pas. Le jeu vidéo est devenu beaucoup plus commercial, un peu comme le cinéma familial. Heureusement, pour des joueurs comme moi, il reste des titres plus complexes et intéressants. Peut-être même plus qu’avant. Mais je pense que le jeu vidéo va aller davantage encore dans le sens des joueurs occasionnels"

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