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La Paris Game Week suffit-elle à masquer la crise du secteur ?

La Paris Game Week s'ouvre ce mercredi alors que l’industrie du jeu vidéo français souffre de la crise économique. La France est de plus touchée par la fuite des cerveaux et la concurrence des pays qui pratiquent une fiscalité incitative.

La Paris Game week, grand raout du jeu vidéo qui débute ce mercredi et fermera ses portes samedi à la Porte de Versailles, a de l’ambition à revendre. Pour sa première édition, cette fête de la manette veut attirer 100 000 visiteurs dans ses 20 000 m² d’exposition. Le but est clair : offrir à la France un événement capable de concurrencer les grands messes de l’E3 à Los Angeles ou le Tokyo Game Show.

D’ailleurs tous les grands noms du secteur, d’Electronic Arts à Konami en passant par Activision, y présentent leurs derniers joujoux. Si les sociétés japonaises ou américaines sont venues en force, la France, Ubi Soft mise à part, est absente. Un signe de l’état de l’industrie du jeu vidéo made in France ?

"C’est sûr que notre secteur a souffert ces derniers temps", reconnaît Jean-Claude Larue, délégué général du SELL, le syndicat des éditeurs de jeux vidéo en France. Traditionnellement, le jeu vidéo connaît une croissance que lui envient les autres secteurs d’activité. Mais pas en 2009. Le chiffre d’affaires l’an dernier a chuté de 20 % par rapport à 2008 pour s’établir à 2,709 milliards d’euros, selon le cabinet d’études spécialisé dans le divertissement, GFK. En 2010, ce chiffre d’affaires devrait légèrement remonter pour avoisiner les 3 milliards d’euros.

Dumping

En cause, selon le SELL, la crise comme partout ailleurs, mais aussi la structure du marché du travail français. Jean-Claude Larue cite pêle-mêle les 35 heures, les charges sociales et globalement la fiscalité qui pèse sur les petits studios de développement. Il y en a encore une centaine actives en France. Une enquête du syndicat national du jeu vidéo (SNJV) et du Centre national du cinéma (CNC) de juin 2010 révèle que 53 % de ces entreprises estiment que les taxes sont trop lourdes.

Pourquoi cette fiscalité affecterait-elle davantage l’industrie du jeu vidéo que les autres secteurs ? "Le dumping social et fiscal que pratiquent certains pays", martèle Jean-Claude Larue. Il vise essentiellement le Canada qui depuis plusieurs années s’est transformé en mecque du jeu vidéo, grâce à des incitations fiscales. Ubi Soft, le grand gourou du jeu vidéo français, y a d’ailleurs peu à peu délocalisé une partie de sa production. "Ils y ont crée 2 000 emplois qui auraient pu être en France", regrette Jean-Claude Larue.

Une situation qui désole d’autant plus les professionnels que la France est en volume, derrière la Grande-Bretagne, le plus important marché en Europe avec 23 millions de joueurs en 2009. 63,3 % des Français déclaraient début 2010 avoir joué à un jeu vidéo. Et la France a une vraie culture dans ce domaine avec certaines des meilleures écoles du secteur, comme les formations de l’école des Gobelins. "On peut juste se réjouir qu’ils fassent honneur à la créativité française dans le monde", note Jean-Claude Larue. Une manière détournée de se plaindre de la fuite des cerveaux ?