
Dans un rapport remis mardi au Premier ministre pour "réussir le déploiement du très haut débit", le sénateur Hervé Maurey pose 23 recommandations - dont l’instauration d’une nouvelle taxe pour financer la fibre optique en France.
"Ne me faite pas dire ce que je n’ai pas dit, la taxe ne doit être instaurée qu’en dernier recours". Le sénateur Hervé Maurey, auteur du rapport sur le déploiement de l’Internet très haut débit en France, sait que de ses 23 recommandations une seule va ressortir du lot.
Il préconise l’instauration, pendant quinze ans, d’une "contribution de solidarité numérique" de 75 centimes par mois sur les abonnements à l’Internet fixe et au téléphone portable. "Seulement si l’État ne réussit pas à trouver les fonds ailleurs", souligne-t-il. Le but ? Assurer le raccordement à l’Internet haut débit (essentiellement la fibre optique) de 100 % des Français en 2025, comme le veut le président Nicolas Sarkozy dans le cadre du plan d’aménagement du territoire numérique.
Un vaste chantier qui devrait coûter, d’après le rapport, 23,5 milliards d’euros. La part de l’État devrait s’élever, à partir de 2012, à 660 millions d’euros par an. C’est dans ce cadre que le sénateur de l’Union centriste a pensé à cette taxe après avoir écarté une "taxe Google" - "impossible à mettre en œuvre" - et une contribution des opérateurs – "qui sont déjà taxés par ailleurs".
Faire confiance aux opérateurs
Reste que les 75 centimes par mois ne rapporteraient que 540 millions d’euros par an. Et les 120 millions restant ? Ils seraient couverts par une autre taxe - cette fois-ci sur les téléviseurs et les consoles de jeu. "Les constructeurs seront les premiers à bénéficier du très haut débit", juge Hervé Maurey. Une autre proposition qui ne va pas lui faire que des amis. "Augmenter le prix des consoles de jeux avec cette taxe alors que le secteur souffre actuellement est tout sauf une bonne idée", estime Jean-Claude Larue, secrétaire général du Syndicat des éditeurs de jeux vidéo.
Outre cette "contribution numérique", Hervé Maurey s’est également résolu à continuer à suivre la "voie française" de développement du très haut débit. En clair, faire confiance aux opérateurs pour développer l’infrastructure un peu partout en France. "La somme des intérêts des opérateurs ne correspond pas forcément à l’intérêt général", reconnaît-il. Implanter du très haut débit dans l’arrière-pays n’est pas aussi rentable que raccorder les grandes villes à la fibre optique. Le rapport préconise de mettre en place des réunions de suivi tous les trois ans, à partir de 2013, pour voir si les opérateurs jouent le jeu.
Un chemin au final semé d’embûches, mais qu'Hervé Maurey juge essentiel de suivre. Selon FTTH Council Europe, une société qui promeut le très haut débit, la France occupe la 15e place sur le Vieux Continent. Une performance d’autant plus faible si on la compare au reste du monde. En Asie, le marché est déjà saturé avec plus de 90 % des internautes de Corée du Sud et du Japon connectés au très haut débit.
Crédit photo : Alexandre Delbos (Aleske sur Flickr)
