Les étudiants ont manifesté mardi devant le Sénat pour tenter d’insuffler un nouvel élan à la mobilisation contre la réforme des retraites. FRANCE 24 a suivi ceux de Paris VII, alors qu’ils préparent le blocage de leur université.
Mardi 26 octobre, Université Paris Diderot, 12 h. Environ 120 étudiants sont réunis en assemblée générale dans l’amphi 5C du campus "Paris rive gauche", dans le XIIIe arrondissement de la capitale. Objectif : préparer la manifestation qui doit avoir lieu dans l’après-midi devant le Sénat, mais surtout discuter, tout en mangeant leurs sandwichs, de la suite de leur mobilisation conte la réforme des retraites. Le travail a repris dans certaines raffineries, les éboueurs de Marseille ont recommencé à ramasser les ordures, de plus en plus de trains circulent, les lycéens sont en vacances : les étudiants de Paris VII le savent, la contestation s’essouffle.
C’est justement le moment qu’ils ont choisi pour durcir leur mouvement. "En parler entre copains ne suffit plus", affirme Laura, en master de sociologie et de philosophie. C’est "notre responsabilité" désormais de "ramener du monde dans les manifs", explique Éric, ou encore de "remotiver les bases syndicales", lance Guillaume, un autre étudiant. "Tout va se jouer cette semaine", ajoute John, étudiant en sociologie. En clair : c’est une opération "reboostage" qui est lancée, résume Lucien, le modérateur de l’AG.
"Si je rate mon cours, je n’ai pas mon semestre"
La question centrale de cette réunion : faut-il bloquer l’université jeudi 28 octobre, prochaine journée de mobilisation interprofessionnelle ? La majorité des étudiants présents sont pour. C’est pour eux la seule façon de permettre à un maximum de personnes de participer aux manifestations. "Si je rate mon cours, je n’ai pas mon semestre, raconte Marine au bout de la salle. Du coup, je vais en cours tant que mon IUFR n’est pas bloqué."
Pas facile de définir toutefois les modalités du blocage. Pour éviter de débattre et d’afficher leurs divergences devant les journalistes, les étudiants demandent d’ailleurs à l’équipe de France 3 et à ses caméras de sortir de l’amphi.
Certains voudraient bloquer toute l’université Paris VII, d’autres souhaitent concentrer leurs forces sur un seul bâtiment. Et si l’on faisait une opération "automne des chaises" et que l’on sortait toutes les chaises ? Pas facile dans les amphis, où les bancs sont fixés au sol… Après quasi deux heures de discussion, et de multiples votes à main levée, il est finalement décidé de bloquer deux sites de l’université : celui de "Javelot", rue de Tolbiac (13e arrondissement) et, si les effectifs le permettent, celui de "Paris rive gauche", en bord de Seine.
"Les jeunes dans la galère, les vieux dans la misère"
Un étudiant du premier rang se dévoue pour prêter son chapeau, et une quête est organisée. Près de 100 euros et des pièces sont récoltés pour acheter des chaînes qui serviront à bloquer les portes des différents bâtiments jeudi. Mais c’est le moment de sortir la banderole "Paris 7 – Pour les retraites, luttons jusqu’au retrait" et de rejoindre les autres étudiants. Ils se sont tous donné rendez-vous devant le campus de Jussieu pour une manifestation qui doit les conduire au palais du Luxembourg, où les sénateurs doivent avaliser la version définitive du texte de la réforme des retraites. Le rassemblement, organisé par l’Unef, premier syndicat étudiant, a été baptisé "monte le son du sonotone".
Les manifestants seront au final environ un millier devant le Sénat aux environs de 15 h, à scander les slogans anti-réforme. "Les jeunes dans la galère, les vieux dans la misère, on n’en veut pas, de cette société-là", crient-ils à tue-tête. Ou encore "c’est tous ensemble qu’on va gagner". Les étudiants de Paris VII ont rejoint les cortèges des autres universités de Paris, mais aussi des étudiants venus à titre individuel, comme Léna, étudiante en graphisme dans une école de la capitale. "Je n’ai pas du tout l’impression d’être récupérée par un syndicat ou un parti", martèle la jeune fille de 19 ans. "Si je n’étais pas intéressée par le mouvement, je ne me lèverais pas et je dormirais !"
Quant aux quelques dizaines d’étudiants de Paris VII qui ont voté un peu plus tôt le blocage de leur université – le premier depuis le début de la mobilisation contre la réforme des retraites, ils se donnent rendez-vous jeudi à 6h30 du matin, bien décidés à empêcher la tenue des cours ce jour-là.
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