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Alors que la pénurie d'essence se résorbe et que le Parlement s'apprête à adopter le texte sur les retraites, la contestation se poursuit. La journée d'action prévue jeudi permettra de connaître précisément l'ampleur de ce qui reste du mouvement.

Des raffineries débloquées, des dépôts pétroliers "libérés", des trains qui circulent... Ce retour à la normale ces secteurs en première ligne de la contestation de la réforme des retraites marque-t-il un tournant ? La réponse est oui, selon la ministre de l’Économie Christine Lagarde. D’un point de vue politique, le gouvernement, qui misait sur une adoption rapide de la réforme, semble être parvenu à ses fins.

En effet, le marathon parlementaire sur la réforme des retraites se termine après un accord sur le texte trouvé lundi par la commission mixte paritaire de l'Assemblée et du Sénat. Ledit texte sera soumis aujourd'hui au Sénat, pour vote, puis les députés se prononceront mercredi après-midi (via un vote solennel) sur le projet de loi, qui sera alors définitivement adopté. La loi pourrait être promulguée autour du "15 novembre", après un éventuel recours du Parti socialiste devant le Conseil constitutionnel, avait affirmé dimanche Raymond Soubie, conseiller social de l’Élysée.

"Monte le son du sonotone"

Les déblocages enregistrés depuis hier dans certains secteurs, comme la reprise du travail des éboueurs à Marseille, sont-ils le signe d’un essoufflement du mouvement ? Pas si sûr, car les grèves ont été reconduites sur les sites pétroliers du groupe Total. Ainsi, les grévistes de la raffinerie de Grandpuits sont prêts à rester mobilisés "jusqu’à Noël si nécessaire", rapporte Shili Sitbon, envoyée spéciale de France24. Ils affirment que "la reprise du travail dans trois raffineries est symbolique et non représentative puisque 98 % des grévistes" sont favorables à la poursuite du mouvement. Selon le ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux, "le travail a repris dans cinq des douze raffineries en France".

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Sur le "front du carburant", le gouvernement tablait pour aujourd'hui sur quatre stations-service sur cinq "en état de fonctionnement", alors que près de 25 % des stations étaient à sec lundi. En organisant jeudi une nouvelle journée de grèves et de manifestations, les syndicats maintiennent la pression. Mais l'ampleur de la mobilisation de jeudi constitue une inconnue, car elle interviendra au lendemain du vote définitif de la réforme et au milieu des vacances de la Toussaint. Ce mardi, l'Union nationale des étudiants de France (Unef) appelle les jeunes et les étudiants à une journée d'actions "partout en France", avec notamment des rassemblements et des sit-in. À Paris, les étudiants mèneront une action baptisée "monte le son du sonotone" devant le Sénat. Son but : "se faire entendre des sénateurs", a expliqué le syndicat étudiant. D’autres rassemblements seront notamment organisés à Marseille, Bordeaux, Lyon, Toulouse...

"Le mouvement n'est pas fini "

Par ailleurs, le mouvement contre la réforme "continuera" et "prendra d'autres formes", a assuré lundi Bernard Thibault, secrétaire général de la CGT. "Je persiste, le mouvement n'est pas fini", a-t-il, prévenu sur France 2. Mais en affirmant qu’une loi est "toujours perfectible", son homologue de la CFDT, François Chérèque, se montre davantage résigné. Le leader syndical a également réclamé une "négociation sur l'emploi des jeunes et des seniors" : une proposition saluée et acceptée par la présidente du Medef Laurence Parisot, lors de l'émission "Mots croisés" sur France 2. Un premier signe visible de divergence au sein de l’intersyndicale ?

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La CFDT et le Medef d'accord pour négocier
Le mouvement contre la réforme des retraites traverse une passe délicate