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Le gouvernement accélère le vote au Sénat et ordonne la réquisition d'une raffinerie

Les sénateurs doivent adopter, dans les prochaines heures, la réforme des retraites, tandis que les syndicats annoncent deux nouvelles journées d'action les 28 octobre et 6 novembre. Dans la nuit, une raffinerie d’Île-de-France a été réquisitionnée.

Le gouvernement accélère le rythme en espèrant faire voter sa réforme des retraites vendredi soir au Sénat, après environ trois semaines de débat à la chambre haute du Parlement. Pour cela, l’exécutif a eu recours à la procédure dite du "vote bloqué", ou "vote unique" sur une partie des articles additionnels du texte. Une procédure prévue par l’article 44 de la Constitution qui lui permet de raccourcir l'examen des quelque 250 derniers amendements.

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Jusqu’à présent, l’opposition multipliait les explications sur le vote de chaque amendement, allongeant considérablement la durée de l’examen du texte. Dorénavant, chaque amendement sera présenté par son auteur, mais ne sera pas systématiquement soumis au vote. Les sénateurs ne voteront donc qu’une seule fois pour l’ensemble des amendements.

Ce coup d’accélérateur a provoqué la colère des responsables de l’opposition, la première secrétaire du Parti socialiste, Martine Aubry a dénoncé "un coup de force".

"Ce n’est pas un coup de force, c’est juste l’application de la Constitution de la République française" s’est défendu, ce vendredi, sur France 2 le ministre du Travail Éric Woerth. "On ne peut pas essayer de bloquer le débat au Sénat avec le règlement du Sénat et reprocher au gouvernement d’utiliser ce règlement" a-t-il lancé en direction de la chef de file du PS.

La raffinerie de Grandpuits réquisitionnée

Dans le même temps, les autorités veulent reprendre la main sur le terrain. La raffinerie de Grandpuits, en région parisienne, a été réquisitionnée tôt vendredi matin par la préfecture de Seine-et Marne. Ses accès étaient bloqués depuis quelques jours par des grévistes, qui ont aussitôt dénoncé une "entrave à l’exercice du droit de grève". Interrogé par France 24, le coordinateur CGT chez Total, Charles Foulard, promet de ne pas en rester là :"Nous allons porter l’affaire dès ce matin au tribunal de Melun, car il est très clair que nous contestons la légalité de cette réquisition".

Le préfet du département se défend lui de vouloir "provoquer des troubles" et appelle au calme. "On est simplement là pour faire exécuter une décision gouvernementale et une procédure légale qui est la réquisition", assure-t-il sur l’antenne de France 24.

Conséquence de ces réquisitions, la situation dans les stations-service du pays connaît "une lente amélioration", selon le ministre de l'Énergie, Jean-Louis Borloo. Alors que commencent, ce week-end, les vacances de la Toussaint, celui-ci a estimé, ce vendredi, que seules "20 % à 21 %" des stations sont à sec.

Réunis à Matignon, les représentants des grands groupes pétroliers ont affirmé que l'approvisionnement des stations-service situées sur les autoroutes était "prioritaire". Ils ont par ailleurs assuré qu'un retour à la normale prendrait "plus de temps" que prévu.

Deux nouvelles journées d’action

Malgré l’imminence du vote au Sénat et les réquisitions sur le terrain, les syndicats veulent maintenir la pression. Réunis jeudi au siège parisien de la CFDT, les syndicats ont appelé à deux nouvelles journées d’action les 28 octobre et 6 novembre.

Les organisations syndicales appellent à poursuivre la mobilisation afin de rassembler le plus grand nombre et d'amplifier le soutien de l'opinion publique", écrivent-elles dans un communiqué.

Nadine Pringent, une responsable CGT, déclare à France 24 que l’intersyndicale  "souhaite que ces journées soient massives et larges. On dit aux salariés, "vous pouvez encore peser sur ces réformes"".