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Lors de la première journée du tournoi de tennis de Moscou, le Serbe Janko Tipsarevic s’est incliné face à Horacio Zeballos (3-6, 6-4, 6-4). Rien d’anormal, si ce n’est que les marchés des paris ont été suspendus pour irrégularités.

Le Serbe Janko Tipsarevic, capitaine de l’équipe serbe de tennis qui affrontera la France en finale de Coupe Davis du 3 au 5 décembre à Belgrade, s’est fait éliminer au tournoi de Moscou dès le premier tour. Si le joueur explique que son élimination prématurée est due à un mal de dos, les bookmakers pensent, eux, que le Serbe a bien perdu en connaissance de cause. S’appuyant sur des données du site Tennisform, spécialisé sur les paris en ligne au tennis, et son expérience de parieur professionnel à l’agence britannique Betfair, Scott Ferguson, maintenant à son compte, pose la question de la crédibilité de Tipsarevic sur ce match perdu face à l’Argentin Horacio Zeballos (3-6, 6-4, 6-4).

Quand Twitter s’en mêle

"Zeballos a remporté un match suspect en trois sets face à Janko Tipsarevic qui, à en juger par sa cote d’avant-match et durant le match sur le site Betfair, n’avait aucunement l’intention de gagner. Tipsarevic dont la cote fluctuait quelques heures avant le match, était donné perdant. Et ce même après avoir remporté le premier set et bien entamé le second. Plusieurs bookmakers ont donc pris la décision d’annuler le match." Pour Ferguson, il ne fait aucun doute que Tipsarevic allait perdre ce match avec à la clé une possible compensation financière.

Suite à sa défaite, le Serbe, finaliste l’an dernier sur ce tournoi de Moscou, déclare en conférence d’après-match qu’un mal de dos récurrent le plombe depuis Shanghai ( où il a été battu par Robin Söderling au 2e tour, NDLR). Une version que tous les journaux achètent sans rechigner. Mais sur son compte Twitter, le capitaine de l’équipe de Serbie donne une autre version : "Ma plus grosse désillusion… Toute ma vie j’ai joué comme une merde lorsque je défendais des points sur la même semaine…sic…pas de commentaires". 

Mais suite à cet aveu, il aurait, semble-t-il, reçu des messages peu complaisants car dans le tweet suivant, le Serbe se demande si garder un compte ouvert sur le site social est finalement une bonne idée... (voir ci-contre)

Que fait l’ATP ?

Mais voilà, ce n’est pas la première fois que le Serbe est soupçonné de tricherie. En juillet 2009, lors du tournoi de Stuttgart, Tennisform note : "Des ‘mouvements extrêmes’ d’argent sur les marchés des paris entre deux joueurs du top 100 ont poussé à la fermeture des marchés et ont été rapportés aux autorités. Ces avalanches ‘peu communes’ d’argent ont été placées sur l’Espagnol Oscar Hernandez, 56e mondial, donné vainqueur sur le Serbe Janko Tipsarevic, 79e mondial. " Les agences de paris ayant pignon sur rue, telles que William Hill, ont suspendu les cours puis l’agence Betfair a rapporté le cas aux autorités de supervision, la Tennis Integrity Unit, sur ce match, finalement remporté par l’Espagnol, 6-4, 6-4.

Pour Ferguson, la balle est désormais dans le camp de l’ATP. L'instance internationale de tennis s'est montrée jusqu'à présent assez frileuse lorsqu’il s’agit de sanctionner des joueurs soupçonnés de tricherie. Mis à part l’amende de 2 000 dollars infligée au Russe Nikolay Davydenko pour "non combativité" au tournoi de Saint-Pétersbourg fin octobre 2007 (il a été blanchi en appel), aucun joueur n’a été jusqu’ici inquiété. "Les bookmakers ne sont pas stupides", conclut Scott Ferguson, "lorsque les joueurs s’en mêlent, les cours ne sont plus logiques. Cela veut dire qu’il y a anguille sous roche." L’ATP ferait bien de s’en inspirer.