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En cette mi-journée de mobilisation contre la réforme des retraites, le ministère de l'Intérieur recensait 340 000 personnes battant le pavé partout en France, soit moins que les dernières manifestations. Revue des forces en présence.

Et de cinq. À l'appel des syndicats, une nouvelle journée de mobilisation contre la réforme des retraites se déroule ce samedi en France (voir la carte des rassemblements prévus). Et les leaders syndicaux n'entendent pas en rester là : un appel à la grève et aux manifestations a déjà été lancé pour le 19 octobre.

À la mi-journée, 340 000 personnes avaient déjà défilé dans quelque 140 rassemblements contre la réforme des retraites, selon le ministère de l'Intérieur, qui juge cette participation "en baisse" par rapport aux quatre précédentes mobilisations.

À la même heure le 2 octobre, l'autre journée de mobilisation organisée un samedi, l'Intérieur avait recensé 380 000 manifestants dans 150 rassemblements. Mais selon Force ouvrière (FO), la participation serait "au moins au même niveau" que celle du 2 octobre.

La plus grosse manifestation prévue doit toutefois se dérouler dans l'après-midi à Paris.

Mardi dernier, près de 3,5 millions de Français selon les syndicats, et 1,2 million selon la police, sont descendus dans la rue. Les syndicats pourront-ils faire mieux ce samedi ? Alors que le gouvernement reste inflexible, le mouvement va-t-il se radicaliser ou au contraire s'affaiblir progressivement ?

Les lycéens au cœur de la contestation Les jeunes ont rejoint, mardi dernier, la mobilisation contre le projet de réforme des retraites du gouvernement, donnant une nouvelle ampleur au mouvement. Selon l'Union nationale des lycéens (UNL), première organisation lycéenne de France, près de 150 000 jeunes ont manifesté jeudi dans différentes villes du pays. Environ 550 lycées français - sur plus de 4 300 - étaient bloqués vendredi selon le syndicat ; 306 selon le ministère de l'Éducation. "Reculer l’âge de départ à la retraite de 60 à 62 ans, c’est empêcher les jeunes de pouvoir s’insérer sur le marché de l’emploi dès la sortie de leurs études", accuse l'UNL, qui appelle à descendre dans la rue samedi.

"Les mouvements lycéens et étudiants existent de façon récurrente en France depuis une bonne vingtaine d'années, expliquait mardi Anne Muxel, sociologue au CNRS et auteur de "Avoir 20 ans en politique" sur FRANCE 24. Ils se sont toujours opposés à ce qui peut toucher aux conditions de leur insertion dans la vie sociale, et sont d'une grande frilosité sur le sujet. Au travers des retraites, ils expriment une demande, celle d'occuper une place dans la société, d'une sécurité en matière d'emploi... Il y a une forte angoisse, chez les jeunes comme chez les moins jeunes d'ailleurs."

Plusieurs incidents ont émaillé les manifestations, un adolescent ayant été gravement blessé à l'œil jeudi à Montreuil par un tir de flash-ball. Le ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux, a appelé les policiers à "limiter l'usage de la force". "En ne voulant pas discuter, c'est le gouvernement qui crée de la violence, a affirmé vendredi Victor Grèzes, l'un des secrétaires nationaux de l'UNL, à FRANCE 24. Nous appelons tous les lycéens à rester calmes."

Le secteur pétrolier durcit son mouvement Les douze raffineries françaises étaient touchées par le mouvement de grève vendredi, dix d'entre elles ayant engagé des procédures d'arrêt de la production. Signe que la crainte d'une pénurie de pétrole en France est sérieuse, le gouvernement a ordonné vendredi le déblocage de plusieurs dépôts de carburants.

Les routiers rejoignent la mobilisation Deux syndicats ont appelé à des blocages sur les routes, des blocages de dépôts de carburants ou des "opérations escargots", afin de "faire reculer le gouvernement sourd et aveugle". Plusieurs actions locales devaient avoir lieu vendredi, avant une amplification du mouvement prévue pour samedi.

Les grèves s'essoufflent Le nombre de grévistes à la SNCF n'a cessé de diminuer ces derniers jours, tout comme à la RATP - 5 % du personnel était en grève vendredi, selon la direction. Des perturbations sont toutefois toujours prévues ce week-end à la SNCF, qui conseille aux voyageurs à destination du sud du pays de reporter leur voyage.

Le gouvernement inflexible Le président français, Nicolas Sarkozy, a assuré vendredi qu'il entendait les "inquiétudes" mais qu'il ne changerait pas de cap. Cette réforme répond à un "objectif de justice sociale", a-t-il répété. Déjà adoptée à l'Assemblée nationale, elle est en cours d'examen au Sénat, où elle doit être votée mercredi.

Les syndicats confiants Après la forte mobilisation constatée lors des dernières manifestations, les responsables syndicaux espèrent encore amplifier le mouvement. "Il est durablement ancré dans le pays, a estimé vendredi Bernard Thibault, secrétaire général de la CGT sur la chaîne LCI. Le gouvernement joue le pourrissement, voire l'usure de ce mouvement, je pense que nous avons les moyens de le décevoir".

Le Parti socialiste pour une "remise à plat" Très attendue sur le sujet, la première secrétaire du Parti socialiste (PS), Martine Aubry, a demandé jeudi soir au président français "de suspendre les discussions au Sénat" et de "remettre tout à plat", lors d'une intervention télévisée. "Il faut une réforme des retraites, on est tous d'accord. Pour la faire, il faut discuter, il faut négocier, et il faut surtout la justice", a-t-elle lancé.