
Le coup d’envoi de la campagne électorale pour le premier tour de la présidentielle doit être donné ce vendredi. Reporté à sept reprises depuis 2005, le scrutin, prévu le 31 octobre, doit mettre fin à onze années d'instabilité politique.
En cinq ans, les Ivoiriens n’ont jamais été aussi proches d’une élection présidentielle. Ce vendredi, les autorités donnent le coup d’envoi de la campagne électorale. Après une décennie de crise politique, le premier tour du scrutin, prévu le 31 octobre, s’annonce historique : pour la première fois depuis l’indépendance du pays en 1960, le vote ne devrait pas être pollué par des manœuvres politico-électorales.
Cette élection pourrait par ailleurs marquer la fin de onze années d'une profonde instabilité politique provoquée par le coup d’État de Noël contre Henri Konan Bédié, le 24 décembre 1999. "Pour la première fois depuis plusieurs années, il n’y a aucun blocage politique à l’élection, raconte Marco Oved, correspondant de RFI à Abidjan. Le seul obstacle qui pourrait subsister est d’ordre logistique". Près de six millions de cartes d’électeurs doivent en effet être distribuées d’ici au 31 octobre, et 20 000 bureaux de vote doivent être installés aux quatre coins du pays, y compris dans les villages les plus reculés.
Selon un diplomate cité par l’AFP, "on ne devrait pas savoir avant le 25 octobre si tout sera prêt". Les observateurs restent cependant optimistes quant à l’imminence du scrutin : si les problèmes logistiques persistent, le vote ne devrait être décalé que de deux semaines au maximum.
Les Ivoiriens restent méfiants
Pour l’heure toutefois, dans les rues d’Abidjan, l’ambiance demeure très calme. Rien ne laisse penser que les Ivoriens sont appelés aux urnes dans deux semaines : il n'y a pas d’affiches sur les murs, ni de militants défendant les couleurs de leurs partis. Dans l'attente d'une élection présidentielle maintes fois reportée, les électeurs restent méfiants... "Les gens sont contents, ils ont envie d’aller voter, mais il y a tellement longtemps qu’on leur promet un scrutin qu’ils attendent désormais de mettre leur bulletin dans l’urne pour y croire, reprend Marco Oved. Tous s’investissent cependant dans le processus électoral ; ils sont capables de faire la queue pendant trois ou quatre heures d'affilée pour obtenir leur carte d’électeur."
Depuis 2005, fin théorique du mandat de l'actuel président Laurent Gbagbo, l’élection présidentielle ivoirienne a en effet été repoussée à sept reprises. À l'époque, celle-ci n'avait pu se tenir car le pays restait coupé en deux, à la suite de la tentative de putsch perpétrée par les rebelles des Forces nouvelles (FN) en 2002. Il a fallu attendre le mois de mars 2007 et la signature des accords de Ouagadougou pour qu'une solution politique à la crise se dessine.
À 65 ans, le président sortant Laurent Gbagbo, qui défend les couleurs du Front populaire ivoirien (FPI), part favori du scrutin. Il aura notamment face à lui les deux autres poids lourds de la politique ivoirienne : Alassane Dramane Ouattara, candidat du Rassemblement des républicains (RDR) qui fut le seul et unique Premier ministre de feu Felix Houphouët-Boigny entre 1990 et 1993, et Henri Konan Bédié, le leader du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), qui dirigea le pays entre 1993 et 1999.