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Ryanair quittera en janvier prochain son unique base française, à Marseille. La compagnie aérienne irlandaise à bas coûts a fait l'objet d'une mise en examen, en septembre, par le parquet d'Aix-en-Provence pour "travail dissimilé".

AFP - La compagnie aérienne low cost Ryanair a annoncé mercredi la fermeture en janvier de son unique base française à Marseille, en réaction à sa mise en examen pour "travail dissimulé", une "très mauvaise nouvelle" pour l'économie locale, selon les responsables patronaux.

Lors d'une conférence de presse à l'aéroport de Marignane (Bouches-du-Rhône), le PDG de la société irlandaise, Michael O'Leary, a critiqué "la décision des autorités françaises d'engager des poursuites contre la base de Ryanair à Marseille, qui est totalement conforme à la réglementation de l'Union européenne pour les travailleurs mobiles des transports".

"C'est un jour très sombre mais nous ne pouvons pas attendre une année, voire plus, pour risquer d'éventuelles amendes plus importantes si la procédure judiciaire ne nous était pas favorable", a-t-il ajouté.

Ryanair a été mise en examen fin septembre par le parquet d'Aix-en-Provence pour "travail dissimulé" à la suite de la plainte de plusieurs syndicats de personnels.

"Rappelée à ses obligations, Ryanair préfère partir plutôt que de (les) respecter", a réagi le SNPL (Syndicat national des pilotes de ligne), par la voix de son avocat, Me Roland Rappaport, stigmatisant dans cette décision "une impudence extraordinaire".

La compagnie, installée à Marseille depuis octobre 2006, conteste le décret du 21 novembre de la même année soumettant les personnels navigants des compagnies étrangères installées en France au droit français. Ses quelque 200 salariés sont assujettis à la réglementation du travail irlandais.

"Il ne s'agit absolument pas d'un chantage, sinon nous aurions fermé toutes nos lignes sur les 26 aéroports que nous desservons en France, et si les juges, qu'ils soient européens ou français, disent que la législation européenne est supérieure à la législation française, nous serons ravis de rouvrir notre base ici", a-t-il ajouté.

Ryanair avait fermé sa base de Valence (Espagne) il y a deux ans, avant de la rouvrir, et s'apprête à faire de même à Belfast.

A compter du 11 janvier 2011, les quatre avions de la compagnie ainsi que ses employés basés à Marseille seront transférés dans d'autres aéroports européens. Parmi les pistes envisagées, Kaunas en Lituanie, Barcelone en Espagne et Bari, Brindisi ou Milan en Italie.

Selon son PDG, Ryanair "ne perd rien dans cette opération, mais Marseille perd des touristes, des visiteurs et des emplois".

Un avis partagé par la Chambre de commerce et d'industrie Marseille Provence qui gère l'aéroport. "Ce départ est une très mauvaise nouvelle pour les entreprises et les commerces" et "constitue un coup d'arrêt pour le développement" du territoire, a réagi son président Jacques Pfister.

"En moins de quatre ans, Ryanair (...) a permis la création de 1.000 emplois directs et indirects et procuré plus de 550 millions d'euros de retombées économiques", a-t-il précisé, annonçant son intention de saisir "l'Etat et les responsables politiques régionaux pour demander l'abrogation de ce décret".

Pour le maire (UMP) de Marseille, Jean-Claude Gaudin, le départ de la compagnie est à mettre au crédit du "comportement irresponsable des syndicats", tandis que le gagnant de l'histoire est "le groupe Air France".

Pour l'aéroport Marseille Provence, où Ryanair est le deuxième transporteur derrière Air France, avec 1,7 million de passagers attendus en 2010, la fermeture de 13 de ses 23 lignes devrait faire perdre un million de voyageurs en un an, a chiffré M. O'Leary.

Une baisse estimée par l'aéroport à 30.000 voyageurs dès janvier, et 50.000 en février et mars.

Hasard du calendrier, Transavia, filiale à bas coûts d'Air France, a annoncé mercredi son arrivée à Marseille Provence à partir du 22 octobre, avec deux vols par semaine à destination de Monastir (Tunisie).