En fin d'après-midi, le gouvernement estime à 1,23 million le nombre de manifestants contre la réforme des retraites, contre 997 000 lors de la journée du 23 septembre. Un chiffre record dû notamment à la mobilisation des lycéens.
La mobilisation dans les rues :
Le ministre de l'Intérieur évoque une mobilisation record, les syndicats parlent d'un niveau "exceptionnel" de mobilisation. Les manifestations ont réuni 1 230 000 manifestants à travers la France, selon le gouvernement. Les syndicats avancent le chiffre de 3,5 millions de personnes dans les rues, soit une hausse de 20 %. Les trois autres journées de protestation organisées depuis début septembre avaient rassemblé au maximum entre 1,1 million de personnes (police) et 3 millions (syndicats).
À Paris, la manifestation est partie à 13h30 de Montparnasse pour arriver à Bastille en fin d'après-midi en passant par la rue de Rennes et le boulevard Saint-Germain. Elle a réuni 330 000 manifestants, selon les syndicats, et 89000 selon la préfecture de police. Lors du précédent défilé, le samedi 2 octobre, la police avait dénombré au total 63 000 personnes dans les rues de la capitale et les organisations syndicales 310 000.
À Rennes, le record est battu : Entre 22 000 personnes selon la préfecture et 60 000 selon l'intersyndicale ont défilé dans les rues, chiffres les plus élevés depuis 2006. À Marseille, on a recensé entre 24 500 et 230 000 manifestants, selon la police et les syndicats, des chiffres en hausse par rapport aux journées précédentes. Les 220 agents grévistes du port de Marseille, qui refusent la réforme portuaire, ont symboliquement ouvert le cortège aux côtés des salariés des raffineries du pourtour de l'Étang-de-Berre. À Lyon, entre 18 500 et 45 000 personnes, selon les estimations (police et syndicats) ont défilé dans les rues, contre une fourchette comprise entre 20 000 et 40 000 personnes lors du dernier rassemblement le 2 octobre. Du côté de Toulouse, les organisateurs ont dénombré près de 145 000 manifestants (35 000 selon la police), une participation record. La mobilisation à Bordeaux s'est maintenue à un niveau élevé : entre 35 000 personnes, selon la police et 130 000, selon les syndicats.
À noter la mobilisation des lycéens à Paris et en province. Ils ont bloqué de nombreux établissements et rejoint la contestation pour la première fois depuis le début des journées d'action. À la mi-journée, le ministère de l'Intérieur avait recensé 357 lycées dont le fonctionnement a été perturbé (sur 4 302 en France). "Au plus fort des mouvements", 90 établissements ont été bloqués, des blocages levés "pour la plupart" à la mi-journée, selon le ministère.
Ils ont dit :
François Fillon, Premier ministre :
"Je le dis très solennellement à cette heure devant l'Assemblée nationale, nous sommes décidés à mener cette réforme à son terme."
Martine Aubry, premier secrétaire du Parti socialiste :
"J'en appelle au président de la République, garant de l'unité de notre pays et de la cohésion sociale. Je lui demande de retirer son projet, de recevoir les syndicats et les partis de gauche, afin d'engager enfin les négociations et la réforme qu'attendent les Français."
Bernard Thibault, secrétaire général de la CGT :
"Il y a aujourd'hui un développement des grèves dans le secteur privé, c'est tout à fait spectaculaire et chacun pourra le constater sur son département : le gouvernement est dans une impasse. Et on ne peut pas accepter qu'il n'y ait qu'à propos des salariés, qu'on impose une réforme de cette ampleur, sans accepter le principe de la négociation. […] Les jeunes étudient le sujet. Ils ont compris les enjeux, les termes du débat, les polémiques autour de cette réforme et s'aperçoivent, comme d'autres générations, qu'ils ont beaucoup à y perdre. Donc les jeunes sont parmi les plus critiques. 85 % d'entre eux refusent cette réforme. Cela explique leur mobilisation."
François Chérèque, secrétaire général de CFDT :
"Les chiffres sont tous en augmentation, sauf cas isolés. […] Il y a les jeunes qui sont plus nombreux mais cela ne suffit pas à expliquer l'augmentation du nombre de manifestants."
Jean-Claude Mailly, secrétaire général de Force ouvrière :
"On manifeste, 3 millions [de personnes] , on a jamais vu ça, quatre fois de suite, vraisemblablement plus aujourd'hui… Et le gouvernement ne bouge pas ! Qu'est-ce qu'il faut pour qu'il retire ses boules Quiès ?"