Les jeunes ont rejoint le mouvement de contestation contre la réforme des retraites. Ce mardi matin, le gouvernement a recensé 299 lycées perturbés et 90 établissements bloqués. Les syndicats attendent maintenant les lycéens dans les cortèges.
AFP - Les lycéens, qui ont bloqué de nombreux établissements mardi, ont rejoint de
manière spectaculaire la contestation contre la réforme des retraites pour la première fois depuis le début des journées d'action.
A 09H30, le ministère avait recensé 299 lycées (sur 4.302 en France) dont le fonctionnement était gêné par des manifestants. 90 établissements étaient bloqués.
La première organisation lycéenne, l'UNL, qui dénombrait une cinquantaine de lycées perturbés en Ile-de-France, annonçait "une très, très grosse journée chez les lycéens". Selon le ministère de l'Education, 22 lycées de la capitale étaient perturbés et trois bloqués.
Environ 500 000 manifestants à la mi-journée, selon le ministère de l'intérieur, contre 380.000 à la même heure lors de la journée du 2 octobre.
Les syndicats estiment que la mobilisation est plus forte que lors de toutes les précédentes journées d'action.
Il y aurait 17,9% de grévistes à EDF à la mi-journée, contre 18,1% le 23/09.
En matière de transport, les perturbations sont comparables à celles du 23 septembre.
La Fidl (deuxième organisation) prévoyait également la présence de "beaucoup de lycéens dans tous les cortèges de France". "Sarko, t'es foutu, la jeunesse est dans la rue", ont scandé à Toulouse des centaines de jeunes qui ont pris part à la manifestation.
L'entrée des lycées dans le mouvement suscite l'inquiétude gouvernementale. Lundi, le ministre du Travail Eric Woerth avait jugé "totalement irresponsables" ceux qui appellent à la mobilisation des jeunes.
"C'est un discours assez classique de la droite", pour qui "dès que la jeunesse se mobilise, elle est manipulée ou elle est irresponsable", a commenté sur LCI le porte-parole du PS Benoît Hamon.
Le Snupden-FSU, syndicat minoritaire des chefs d'établissement, a appelé les élèves à "respecter les biens et les personnes" et a demandé que "les leaders ne soient pas sanctionnés comme par le passé".
"Il faut se mobiliser à n'importe quel âge afin que l'on ne parte pas de plus en plus tard à la retraite. Beaucoup de gens sont licenciés à 50 ans et ensuite impossible de retrouver du travail", a commenté Nelson L., 15 ans, en seconde au lycée Jacques-Decour (IXe arrondissement de Paris), où des barrages filtrants ont été organisés.
De nombreux lycéens ont trouvé portes closes mardi, tel Thomas B., 15 ans, élève de seconde à Gabriel-Fauré (XIIIe arrondissement).
itDes lycéens "ont pris des barrières de travaux et ils ont bloqué le lycée", a-t-il raconté, ajoutant que "la plupart des élèves (étaient) rentrés chez eux".
A Condorcet (IXe), les protestataires ont installé des plots de construction, laissant entrer les élèves qui voulaient aller en cours, a constaté un photographe de l'AFP.
A Joliot-Curie, à Nanterre, lycée toujours en pointe dans les mouvements sociaux, des manifestants ont symboliquement apposé des chaînes sur la porte d'entrée et annonçaient leur présence dans le cortège parisien.
Le mouvement touche aussi la province, comme en attestent de nombreux messages sur
Twitter qui signalaient dans la matinée des blocages à Remiremont (Vosges), Bourges, Dijon, Clermont-Ferrand ou Nevers.
A Caen, où les lycéens s'étaient déjà fortement mobilisés la semaine dernière, les quatre gros lycées de la ville étaient bloqués. "1950-2015. Mort à 65 ans. J'y étais presque", pouvait-on lire à l'entrée de Malherbe. "On accueille dans la mesure du possible les élèves", a commenté le rectorat.
A Bordeaux, plusieurs centaines de manifestants se sont réunis devant la mairie.
Les étudiants aussi étaient appelés à se mobiliser par leur principal syndicat, l'Unef. A Paris IV par exemple, un petit groupe se préparait pour la manifestation avec une banderole "Des retraites pour les vieux, du boulot pour les jeunes".
Selon le ministère, 22% des enseignants étaient en grève mardi, les syndicats de la FSU annonçant 48% dans le primaire et 45% dans le secondaire.