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L'académie suédoise doit remettre, vendredi, le prix Nobel de la paix à l'un des 237 candidats sélectionnés, un nombre record, parmi lesquels un dissident chinois qui fait figure de favori. Barack Obama avait été récompensé l'année dernière.

Quelque 237 candidats étaient en lice cette année pour le Nobel de la paix. Parmi les favoris : Liu Xiaobo, dissident chinois emprisonné, Svetlana Gannouchkina, l’une des fondatrices de l'ONG russe Memorial, Sima Samar, militante afghane des droits de l'Homme ou encore l'ancien chancelier allemand Helmut Kohl.

Liu Xiaobo, dissident chinois

"Le peuple chinois endure un désastre en matière des droits de l'Homme". Ces quelques mots résument la "Charte 08", co-écrite en 2008 par l’opposant Liu Xiaobo quelques mois avant le 20e anniversaire de la révolte de la place Tiananmen, . En dix-neuf points, le texte dénonce le monopole du Parti communiste et exige la mise en place d’un système démocratique. Selon l’ONG chinoise Human Rights Defenders, 300 personnalités chinoises et 10 000 anonymes, ont signé la charte. (Lire le texte intégral ici).

Liu Xiaobo, ancien professeur de littérature et essayiste, est bien connu des autorités chinoises. En 1989, il s'était fait exclure de l'université où il enseignait, et avait passé plus d'un an et demi en prison, suite à sa participation aux événements de Tiananmen. Il a également vécu trois ans dans un camp de rééducation "par le travail" de 1996 à 1999, pour avoir réclamé une réforme politique et la libération des anciens manifestants de Tiananmen.

Le 3 juin 2008, jour du 19e anniversaire des événements de Tiananmen, Liu Xiaobo avait accordé un entretien à France 24. Il avait été interpellé le lendemain et longuement interrogé par la police chinoise sur la nature de l'interview, a-t-il pu témoigner par la suite. En décembre de la même année, il est condamné à onze ans de prison au terme d’un procès à huis clos pour "subversion du pouvoir d’État".


Svetlana Gannouchkina, militante russe des droits de l’Homme

Mathématicienne de formation, Svetlana Gannouchkina a longtemps enseigné à Moscou avant de s’engager dans la défense des droits de l’Homme au début des années 80. Elle s’implique notamment aux côtés des réfugiés lors d’un conflit en Azerbaïdjan. Dès les années 90, elle fonde l’association Assistance aux citoyens, et participe à la création de la plus célèbre des ONG russes "Mémorial».

Cette fervente militante des droits de l’Homme n’hésite pas à s’opposer aux autorités russes. Inlassablement, elle protège des réfugiés, s’implique aux côtés de personnes accusées de terrorisme, se rend en Tchetchénie pour y mettre en place des centres de conseil juridique… Et interpelle la communauté internationale sur les atteintes aux droits de l’Homme, notamment dans les provinces comme la Tchetchénie. Rien qui ne soit vraiment du goût du Kremlin. La militante russe a été, à plusieurs reprises, menacée de mort.



Morgan Tsvangirai, Premier ministre zimbabwéen

Ancien mineur et leader syndical respecté, le Zimbabwéen Morgan Tsvangirai gravit peu à peu les échelons politiques. En 1999, il fonde le Mouvement pour le changement démocratique (MDC) qui fédère immédiatement l’opposition morcelée et des franges éclectiques de la population zimbabwéenne. Aux législatives de juin 2000, il rafle la moitié des sièges au Parlement. Il incarne une opposition aussi crédible qu’acharnée contre l’homme fort d’Harare, Robert Mugabe.

En 2008, il se présente face à Mugabe lors de l’élection présidentielle. Le scrutin, entaché de fraudes selon l’opposition, aboutit à la tenue d’un deuxième tour. Morgan Tsvangirai se retire avant l’élection pour, dit-il, préserver ses partisans, menacés de mort. Après des mois de lutte et une série d’arrestations sommaires parmi les cadres du MDC, Morgan Tsvangirai obtient de Robert Mugabe un partage du pouvoir. Il devient Premier ministre en février 2009.


Sima Samar, militante afghane du droit des femmes.

Cette Afghane milite depuis plus de 20 ans pour le droit des femmes. Elle est la première femme diplômée de médecine à l’Université de Kaboul en 1982. Contrainte de fuir l’Afghanistan sous l’occupation soviétique, elle fonde dès 1987 le premier hôpital pour femmes à Quetta, au Pakistan. Elle retourne dans son pays d’origine en 1989 où elle crée la Shuhada Organisation, une ONG visant à reconstruire et à développer l’Afghanistan, mettant l’accent sur la défense du droit des femmes et des enfants.
Au meeting de Bonn en 2001, Sima Samar est désignée pour diriger le Ministère de la femme au sein de l’administration intérimaire en Afghanistan.

Aujourd’hui présidente de la commission indépendante des droits de la personne (AIHRC) et rapporteuse spéciale des Nations Unies sur les droits de l’Homme au Darfour, elle est également impliquée au sein d’une association présente dans une quarantaine de pays. Elle s’élève contre le concept de purdah (retrait des lieux publics imposé aux femmes) et le port de la burqa.



Helmut Kohl, ancien chancelier allemand

Élu chancelier ouest-allemand en 1982, Helmut Kohl est considéré comme l’un des artisans de la réunification des deux Allemagnes. En juin 1989, dans un entretien avec le président russe Mikhail Gorbatchev, qu’il relate dans ses « Mémoires », Helmut Kohl comprend que le Russe ne s’opposera pas à la réunification. À peine trois semaines après la chute du mur, il dévoile sans en avertir ses partenaires occidentaux un "plan en dix points", véritable feuille de route vers la réunification. Le 3 octobre 1990, la RDA est enterrée.