![Le déficit public de la France accentué par la crise économique Le déficit public de la France accentué par la crise économique](/data/posts/2022/07/14/1657807654_Le-deficit-public-de-la-France-accentue-par-la-crise-economique.jpg)
Le ministre du Budget, Éric Woerth, a annoncé un déficit de 4,4 % du PIB en 2009, contre 2,9 % annoncé précédemment. En cause : la crise, qui a affecté les résultats des entreprises et causé une baisse des recettes fiscales.
AFP - Le déficit de la France devrait exploser en 2009, atteignant 4,4% du PIB sous l'impact de la crise, selon le gouvernement qui a procédé mardi à une énième révision de ses prévisions qui vacillent avec la conjoncture.
En raison des fortes baisses de recettes fiscales liées essentiellement aux mauvais résultats des entreprises, le ministre du Budget, Eric Woerth, a été contraint d'annoncer une hausse du déficit public à 3,2% du PIB en 2008 et 4,4% cette année, un mois à peine après un précédent ajustement dans le cadre du collectif budgétaire.
Le gouvernement prévoyait jusqu'à présent un déficit public (Etat, sécurité sociale et collectivités locales) de 2,9% du PIB en 2008, avec un pic à 3,9% cette année en raison des dépenses liées au plan de relance de l'économie.
"Pour les années 2010 à 2012, le déficit serait impacté de la même manière qu'en 2009 par les prévisions de recettes, soit d'environ 9 milliards d'euros", a expliqué Eric Woerth lors d'une audition par la commission des Finances de l'Assemblée nationale.
Le déficit public s'inscrirait donc à 3,1% du PIB en 2010, 2,3% en 2011 et 1,5% en 2012, a-t-il précisé.
"Si cette prévision nous fait revenir assez rapidement en deçà des 3 points de PIB (...), c'est parce que nous croyons toujours possible une reprise en 2010" et "parce que le plan de relance est borné dans le temps" et ne pèse donc pas sur les finances publiques au-delà de cette date, a ajouté le ministre.
Eric Woerth a également réagi aux très mauvaises prévisions publiées lundi par la Commission européenne, qui pense que la France sera en récession cette année, avec un déficit atteignant en conséquence 5,4% du PIB.
"Ce ne sont pas aujourd'hui nos prévisions", a-t-il dit, soulignant que le gouvernement ne les avait pas revues "à ce stade".
Officiellement, la France mise encore sur les effets positifs de son plan de relance pour atteindre une croissance comprise entre 0,2 et 0,5% en 2009.
La plupart des économistes prédisent pourtant que la France sera en récession, avec une baisse du PIB de l'ordre de 0,5 à 0,6% en 2009, et il est vraisemblable que le gouvernement soit contraint lui aussi de revoir sa prévision de croissance avant le printemps.
"Une chose est claire: si la croissance est négative (...) on ne compensera pas les manques à gagner de recettes fiscales ou de cotisations sociales", ce qui pèsera automatiquement sur le déficit, a dit M. Woerth.
"On peut estimer qu'un point de croissance en moins se traduirait par un déficit public accru d'environ 0,5 point de PIB", a indiqué le ministre.
"La différence entre la prévision de la Commission et la nôtre renvoie intégralement à des hypothèses de croissance différentes", a-t-il souligné.
Cela illustre le "côté un peu insaisissable des finances publiques, en tout cas dans leur volet recettes", a jugé le rapporteur de la commission des Finances, le député UMP Gilles Carrez, qualifiant la prévision budgétaire d'"art extrêmement difficile".
Son homologue du Sénat, Philippe Marini (UMP), avait un peu plus tôt estimé que "personne n'est capable" de prévoir l'ampleur du déficit de la France ou la croissance en 2009, "pas plus Bruxelles que notre Insee".
L'année 2008 s'est achevée sur un déficit de l'Etat de 56,2 milliards d'euros, soit 4,7 milliards de plus que dans le collectif budgétaire de décembre, "intégralement imputable à la conjoncture" qui ampute les recettes fiscales et sociales, a expliqué M. Woerth.
Pour 2009, le déficit de l'Etat est désormais attendu à 86,5 milliards d'euros.