
Les agents du port de Marseille ont reconduit leur grève contre la réforme portuaire pour le dixième jour consécutif. La Corse, durement touchée par une pénurie de pétrole, devrait être approvisionnée par un bateau affrété en Sardaigne.
AFP - La grève s'est durcie mercredi au port de Marseille et s'étendra jeudi à une raffinerie de l'Etang de Berre (Bouches-du-Rhône), tandis que la Corse, touchée par la pénurie de pétrole, devrait enfin refaire le plein de gasoil.
Mercredi, les agents des bassins Est (marchandises), à l'appel du syndicat CGT, ont voté un arrêt de travail de 24 heures, tandis que leurs collègues des terminaux pétroliers de Fos-sur-Mer et Lavera reconduisaient leur mouvement pour le dixième jour consécutif.
Ils contestent les conditions d'application de la réforme portuaire au sein du Grand Port Maritime de Marseille (GPMM).
En conséquence, 47 navires étaient bloqués mercredi en rade de Fos (4 chimiquiers, 9 navires de propane/butane, 17 pétroliers de brut, 15 de raffinés et 2 barges). Sur les bassins Est, l'activité conteneurs était touchée, mais pas le trafic roulier (remorques), selon le port.
Jeudi, les agents portuaires seront rejoints dans l'action par des salariés de la raffinerie Ineos (ex-BP), l'une des quatre situées autour de l'Etang de Berre avec celles de Total, Esso et LyondellBasel (ex-Shell), qui assurent 32% du raffinage français.
Chez Total, Esso et LyondellBasel, la grève ne devrait commencer en revanche que le 12 octobre, journée de mobilisation nationale contre la réforme des retraites. La mobilisation dans le raffinage vise aussi à défendre l'outil industriel, menacé, selon les syndicats, par le projet de dépôt pétrolier d'Oiltanking Mediaco Marseille (OTMM) à Fos, qui favoriserait les importations.
Mercredi, la direction du GPMM a indiqué que le dialogue se poursuivait "dans un climat difficile" pour mettre sur pied la filiale de gestion des terminaux pétroliers de Fos-sur-Mer et Lavera, prévue depuis décembre 2008 dans le cadre de la réforme portuaire mais que la CGT conteste désormais.
Le GPMM doit détenir 60% de cette filiale, baptisée Fluxel, aux côtés d'industriels de la filière et d'un éventuel partenaire bancaire. Selon le port, la CGT réclame de conserver des bulletins de salaire à l'entête du GPMM, ce que ce dernier juge contraire à la réforme.
"Au terme de la vingtaine de réunions tenues avec le syndicat au sujet de la filiale, dont trois depuis le début de la crise, la direction générale du GPMM estime avoir amélioré au maximum les dispositions sociales garantissant l'avenir des personnels", a indiqué la direction dans un communiqué.
Sur les bassins Est, la CGT craint l'impact de la réforme sur les services du port, les effectifs et l'organisation du travail. A l'ouest, les agents des terminaux de marchandises de Fos, qui ont leur propre section CGT, suivent les consignes d'action de la Fédération nationale CGT des Ports et Docks sur le thème de la pénibilité.
Pendant ce temps, la Corse, touchée par la pénurie de gasoil, attendait l'arrivée, jeudi soir, d'un navire spécialement affrété en Sardaigne par les compagnies pétrolières. Ayant achevé son chargement à Cagliari mercredi, il a entamé sa route vers Ajaccio.
D'ici là, la débrouille prévalait sur l'île, les particuliers optant pour le co-voiturage tandis que les entreprises réorganisaient leur planning pour limiter au maximum les trajets, jonglant avec le carburant encore disponible dans leurs véhicules. Des stations-services ont pris l'initiative de se ravitailler par leurs propres moyens, l'enseigne Esso, basée à Bastia, envoyant quatre semi-remorques se ravitailler sur le continent.