
Samedi, les électeurs lettons ont commencé à se rendre aux urnes pour des élections législatives capitales. L'issue du scrutin déterminera si le pays obtiendra une aide du Fonds monétaire international et s'il pourra, à terme, intégrer la zone euro.
AFP - Les Lettons votent samedi pour les premières élections législatives depuis que leur pays a plongé il y a deux ans dans la plus forte récession au monde.
Selon les sondages, la coalition du Premier ministre de centre-droit Valdis Dombrovskis pourrait rester au pouvoir mais un parti de gauche ancré dans la communauté russophone devrait de son côté fortement progresser.
Ce scrutin est un test décisif pour le plus jeune Premier ministre d'Europe, chargé depuis son arrivée aux commandes en mars 2009 d'appliquer des mesures d'austérité draconiennes incluant des baisses de salaires à deux chiffres de pourcentage et des hausses d'impôts dans le cadre d'un plan de sauvetage international.
"Nous avons pris nos responsabilités, nous avons assuré la solvabilité du pays et rétabli progressivement la croissance", a déclaré M. Dombrovskis au cours d'un débat télévisé, s'engageant à maintenir ce cap.
"J'ai voté pour le Bloc unité", a dit à l'AFP Daina, 65 ans, venue voter dans un quartier ouvrier de la capitale Riga par une belle journée d'automne. "J'ai voté pour eux car Dombrovskis travaille bien", a-t-elle expliqué, ajoutant qu'elle avait toujours du travail bien qu'ayant passé l'âge de la retraite.
Inga, une employée d'épicerie de 45 ans, a choisi elle aussi le parti du Premier ministre. "J'ai voté pour le Bloc unité car je ne savais pas pour qui d'autre voter. Je ne suis pas satisfaite par ce qu'ils font mais je n'ai pas d'autre choix", a-t-elle déclaré.
Le Centre Harmonie, un parti de gauche ancré dans la communauté russophone, laquelle représente 27% de la population du pays, devrait gagner du terrain, selon les enquêtes d'opinion.
Dirigée par Janis Urbanovics, 51 ans, cette formation est un mélange de sociaux-démocrates et d'ex-communistes qui entretiennent des liens avec le parti Russie unie du Premier ministre russe Vladimir Poutine.
Centre Harmonie a remporté l'an dernier la mairie de Riga avec l'élection de Nils Usakovs, 34 ans.
"J'ai voté pour Centre Harmonie. Parce qu'Usakovs a aidé ma mère dans l'école où elle travaille", dit Anna Truhanova, 28 ans, qui attend son deuxième enfant.
Elle dit vivre avec sa mère et son frère dans un trois pièces à Riga. Son mari, n'ayant pas trouvé d'emploi dans le bâtiment, a dû partir travailler au Belarus voisin et revient toutes les deux semaines.
L'ambiance parmi les 1,5 million d'électeurs n'a rien de celle des dernières élections organisées en 2006, deux ans après l'adhésion à l'Union européenne, quand ce pays de 2,2 millions d'habitants affichait encore des taux de croissance à deux chiffres.
Sur 2008 et 2009, l'activité économique du pays s'est contractée au total de près de 25%, la chute la plus forte au monde, d'après le FMI, tandis que le chômage a plus que triplé pour atteindre 20%.
Janis Urbanovics, qui a élargi la base de son parti au-delà de la minorité russophone, affirme vouloir renégocier les conditions du prêt de 7,5 milliards d'euros accordé par le FMI, l'Union européenne et d'autres prêteurs pour en atténuer les conséquences sociales. Pour les analystes, il n'y a guère de marge de manoeuvre et il ne s'agit que de paroles de campagne.
Si cette formation arrivait en tête du scrutin, il s'agirait d'une première pour un parti associé à la minorité russophone.
Les derniers sondages donnent le Bloc de l'unité de M. Dombrovskis à égalité avec Centre Harmonie, qui obtiendraient 30 sièges chacun au Parlement monocaméral de 100 sièges.
Les bureaux de vote doivent fermer à 20H00 locales (17H00 GMT). Les résultats sont attendus dimanche.