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Les manifestations d’aujourd’hui contre la réforme des retraites devraient, selon les syndicats, mobiliser davantage de salariés du privé et de familles. Le ministère de l'Intérieur annonce la participation de 900 000 personnes.

REUTERS - Les syndicats français assurent avoir réussi leur pari d'élargir la contestation contre la réforme des retraites en mobilisant des millions de manifestants samedi pour la troisième fois en moins d'un mois.

Ils exhortent le gouvernement à sortir de son "blocage" et à faire des gestes d'ouverture, prévenant qu'ils ne reculeront pas.

Si les grandes centrales divergent sur le bien-fondé de lancer une grève reconductible, elles ont d'ores et déjà programmé une nouvelle journée d'action, avec grèves à la clé cette fois, le mardi 12 octobre.

Le projet de loi, dont la mesure clé est le relèvement de 60 à 62 ans de l'âge légal de départ en retraite, sera alors en cours d'examen par les sénateurs, auxquels les syndicats réclament des modifications substantielles.

Le ministère de l'Intérieur a fait état à la mi-journée de 380.000 manifestants dans toute la France, un chiffre "inférieur" à celui de la dernière journée d'action le 23 septembre (410.000).
A Paris, la préfecture de police a dénombré 63.000 manifestants contre 65.000 fin septembre. Les syndicats donnent un total de 310.000 personnes, 10.000 de plus que neuf jours plus tôt.

Dénonçant une "campagne de communication" du gouvernement, les dirigeants syndicaux ont assuré pouvoir atteindre en fin de journée les trois millions de manifestants dans toute la France, comme la fois précédente.

"On est dans les mêmes eaux que le 23 septembre (...) Je pense que (...) ce soir, ce sera autour des trois millions", a déclaré le dirigeant de la CGT, Bernard Thibault, au départ de la manifestation parisienne.

"Réunir trois fois trois millions de personnes, c'est forcément une réussite", a renchéri le n°1 de Force ouvrière, Jean-Claude Mailly, pour qui le gouvernement est "complétement gelé" sur sa réforme.

"On arrête tout" ?

Tant Nicolas Sarkozy que le gouvernement assurent qu'ils ne céderont pas sur les "bornes d'âge" fixées par la réforme malgré les appels des syndicats et de l'opposition politique.

En face, la détermination des syndicats reste entière.

"On ne reculera pas", a dit samedi Bernard Thibault.

"On gardera cette fermeté et ce soutien populaire nous engage à continuer", a déclaré en écho le leader de la CFDT, François Chérèque, qui réclame "des gestes apaisants du gouvernement pour enfin ouvrir le dialogue et construire une vraie réforme".

A l'unisson, la dirigeante du Parti socialiste, Martine Aubry, a demandé à François Fillon de reprendre la réforme à zéro.

"Puisqu'il dit qu'il pense différemment, le Premier ministre devrait dire: 'on arrête tout, on recommence, on met tout sur la table et on fait une nouvelle réforme juste et efficace'"," a-t-elle déclaré à Paris, où elle a manifesté à l'instar des autres dirigeants de gauche, de Cécile Duflot (Verts) à Jean-Luc Mélenchon (Parti de gauche).

Des poussettes dans les défilés

Fait rare dans l'histoire sociale, les syndicats avaient choisi un week-end pour manifester afin de limiter le sacrifice consenti par leurs sympathisants en journées de salaire perdues et de faire venir de "nouveaux publics".

"C'est pari réussi dans ce sens", a estimé la dirigeante de la FSU, Bernadette Groison. "On rassemble des salariés, des jeunes, des familles (...), des manifestants qu'on ne voit pas habituellement".

Commes les autres syndicalistes, Bernard Thibault a manifesté côte à côte avec les leaders étudiants et lycéens, qui ont battu le rappel cette semaine auprès des jeunes.
A ses yeux, "le fait politique principal" de cette nouvelle journée d'action est la présence d'un "public nouveau" de manifestants.

"C'est familial, il y a des poussettes, c'est la France qui manifeste", s'est félicité un dirigeant CGT à Toulouse, où la mobilisation était en hausse, toutes sources confondues.

Selon un sondage CSA publié samedi dans le quotidien L'Humanité, 71% des Français soutiennent le mouvement, une progression de près de dix points en un mois.