Fait peu commun en Espagne, une grève générale est prévue ce mercredi. Les syndicats rompent une entente de six ans avec Zapatero pour protester contre les mesures de rigueur, mais aussi contre la réforme du marché du travail.
Les Espagnols devront faire face à des transports fortement perturbés ce mercredi. Une grève générale sans précédent depuis huit ans est en effet prévue pour protester contre le plan d’austérité du gouvernement.
Avec l’appui du Parlement, le Premier ministre José Luis Rodriguez Zapatero a dévoilé vendredi nombre de décisions budgétaires, cibles de la colère des syndicats.
Pour éviter une crise de la dette qui menaçait la stabilité de l’euro, le gouvernement, sous la pression de l’Union européenne et du FMI, a mis sur pied un plan de rigueur. Il a ainsi en quelques mois baissé les salaires des fonctionnaires, gelé les retraites et mis fin à certaines prestations sociales comme le "chèque-bébé" pour les nouveaux parents ou l'aide aux chômeurs de longue durée.
Mais au-delà des mesures d’austérité, ce qui a fait monter la colère des syndicats, c'est la réforme du marché du travail, que Candido Mendez, secrétaire général de l'UGT, l’un des principaux syndicats du pays, qualifie pour l’AFP de "régression sociale très sérieuse". Si ce texte prévoit un recours plus limité aux contrats temporaires, il diminue les indemnités de licenciement et rend plus faciles les licenciements économiques. Par ailleurs, la réforme des retraites qui se profile est également décriée, elle vise à repousser l’âge de la retraite de 65 à 67 ans.
Première grande confrontation avec les syndicats pour Zapatero
Il s’agira en tout cas de la première confrontation entre Zapatero et les syndicats après l’entente qui a marqué son premier mandat de 2004-2008.
Signe de cet âge d’or passé, un accord historique a néanmoins été conclu entre le gouvernement et les deux principaux syndicats CCOO et UGT qui ont accepté d’assurer des services minimums dans les transports, notamment au moins 20% des vols internationaux et 25% des trains de banlieue.
Dans un pays qui peine à sortir de la crise et où le chômage touche 20% de la population active, 54,6% des Espagnols estiment la grève justifiée, selon un sondage publié vendredi par le journal Publica.
Elle risque pourtant de n’avoir que peu d’effets sur les décisions du gouvernement, et les syndicats eux-mêmes craignent une faible mobilisation. Seuls 18% des salariés se disent certains d’y participer, selon le même sondage.
La dernière grande grève, celle des fonctionnaires le 8 juin dernier contre la baisse de 5% de leurs salaires, avait été relativement peu suivie. Crise oblige, plusieurs d'entre eux avaient expliqué qu'ils ne pouvaient plus se permettre de faire grève et de perdre de l'argent.
Alors que d’autres pays d’Europe sont concernés par des mesures d’austérité, des manifestations de solidarité avec les grévistes espagnols sont notamment prévues mercredi à Bruxelles et à Athènes.