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Tokyo fait un geste envers Pékin en libérant le capitaine du chalutier chinois

Dix-sept jours après le début d'une crise diplomatique entre la Chine et le Japon, suite à l'arraisonnement d'un chalutier chinois près d'îlots revendiqués par les deux pays, la justice japonaise a décidé vendredi de libérer le capitaine du navire.

REUTERS - Le Japon va libérer le capitaine d’un bateau de pêche chinois dont l’arrestation est à l’origine d’une crise diplomatique avec Pékin, rapportent les médias nippons.

L’annonce de cette prochaine libération a été faite lors d’une conférence de presse dans l’île d’Okinawa par les procureurs chargés de l’affaire.

La décision, ajoute l’agence de presse japonaise Kyodo, reflète le souci des autorités nippones de ne pas nuire aux relations avec la Chine.

L’agence précise que le parquet décidera ultérieurement s’il convient d’inculper le capitaine chinois, tout en tenant compte de l’évolution des relations entre Tokyo et Pékin. Une décision doit être prise avant le 29 septembre.

Le ministère chinois des Affaires étrangères a peu après annoncé sur son site internet l’envoi d’un avion au Japon pour en ramener le capitaine et a affirmé que toute procédure judiciaire contre ce dernier serait « illégale et sans valeur ».

On avait appris quelques heures auparavant l’arrestation en Chine de quatre ressortissants japonais soupçonnés d’avoir pénétré illégalement dans une zone réservée et d’y avoir filmé des objectifs militaires.

Le chalutier chinois était entré en collision avec deux patrouilleurs de la garde-côtes japonaise près d’îlots revendiqués par les deux premières puissances d’Asie en mer de Chine orientale.

La Chine a multiplié les déclarations hostiles depuis l’arrestation du capitaine du chalutier, demeuré en détention alors que les 14 autres membres de l’équipage avaient pu rentrer en Chine le 13 septembre.

Pour protester contre la détention du capitaine qui a ravivé une querelle territoriale, la Chine a annulé les rencontres diplomatiques et les visites d’étudiants japonais.

Le ministre japonais du Commerce a fait état vendredi de l’arrêt d’exportations chinoises de métaux rares, des composés utilisés dans de nombreuses industries, sur la base d’informations fournies par des entreprises japonaises.

Un responsable chinois a démenti l’existence d’un embargo qui aurait été décidé, selon le New York Times, en représailles à l’arrestation du capitaine du chalutier.

Conséquences économiques

Dans l’affaire des quatre Japonais détenus en Chine, aucun élément ne laisse penser qu’il s’agit d’une mesure répondant à l’incarcération du capitaine.

« On nous a dit qu’ils avaient violé la loi chinoise et nous devons surveiller attentivement quelles seront les conclusions », a dit un porte-parole du ministère japonais des Affaires étrangères.

Les quatre individus seraient des employés d’une entreprise japonaise de travaux publics, Fujita. Une porte-parole de l’entreprise a dit qu’ils étaient en Chine avec un employé chinois dans le cadre d’un projet de récupération d’armes chimiques abandonnées en Chine par l’armée japonaise à la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Le ministre japonais des Finances a prévenu vendredi que la détérioration des relations sino-japonaises seraient mauvaises économiquement pour les deux pays.

« Un rafraîchissement des relations entre le Japon et la Chine en raison du problème (de l’îlot appelé) Senkaku serait mauvaise pour l’économie japonaise mais aussi pour la Chine », a dit Yoshihiko Noda. « Il est désirable que les deux parties agissent calmement ».

Les relations sino-japonaises se sont améliorées après une première moitié de la décennie compliquée, mais cette affaire montre la fragilité des rapports entre Pékin et Tokyo.

Les motifs de fâcherie ne manquent pas, entre les querelles territoriales, les rancoeurs nées de l’occupation japonaise en Chine et la bataille pour la domination économique régionale.

“Je crois que cette affaire est le plus gros obstacle depuis des années dans les relations entre la Chine et le Japon”, a dit Liu Jiangyong, expert des relations sino-japonaises à l’univesité Tsinghua de Pékin.

“Les deux parties faisaient des efforts pour améliorer leurs relations mais là, elles se sont clairement déteriorées. Les relations commerciales et économiques pourraient être touchées si le Japon décidait de ne pas résoudre ce problème, car la confiance mutuelle est en jeu ici”, a-t-il ajouté.

L’économie japonaise, déjà en difficulté, dépend de plus en plus de sa voisine. Depuis 2009, la Chine est le plus important partenaire commercial du Japon. Au premier semestre 2010, les échanges entre les deux pays ont encore bondi de 34,5% par rapport à l’année précédente.