Le procureur en charge de l'affaire Bettencourt s'est rendu jeudi en Suisse pour enquêter sur l'île d'Arros. D'autre part, le neuropsychiatre qui avait attesté du bon état de l'héritière de L'Oréal a admis avoir détruit son dossier médical.
AFP - Le procureur de Nanterre, Philippe Courroye, s'est rendu jeudi à Genève afin d'enquêter sur une possible escroquerie de la milliardaire Liliane Bettencourt concernant l'île d'Arros aux Seychelles dont elle est la locataire, révèle Le Monde sur son site internet.
Interrogé par l'AFP, le parquet de Nanterre n'a pas souhaité faire de commentaires.
Dans le cadre de la demande d'entraide avec la Suisse, M. Courroye "s'est rendu en personne à Genève jeudi 23 septembre, pour procéder avec le juge d'instruction cantonal Jean-Bernard Schmid, à un premier tri des pièces saisies en Suisse", affirme jeudi soir Le Monde.
La justice genevoise avait perquisitionné dans "toutes les structures impliquées directement et indirectement dans le financement et la gestion de l'île d'Arros", précise une source judiciaire citée par le journal.
Selon le quotidien, M. Courroye s'intéresse "essentiellement aux montages juridiques et financiers autour de l'île d'Arros" et se "demande jusqu'à quel point Liliane Bettencourt, aujourd'hui simple locataire d'Arros (...) était consciente et éclairée" sur les modalités de l'achat de l'île et sa sortie du patrimoine de l'Oréal.
Cet îlot des Seychelles, racheté par les Bettencourt il y a une dizaine d'années pour 15 millions d'euros grâce à des capitaux placés en Suisse, est actuellement la propriété d'une fondation basée au Liechtenstein au montage financier complexe.
Le juge se demande si "derrière ce montage, prétendument réalisé pour clarifier sa situation fiscale, ne se cache pas une +escroquerie+ qui pourrait s'accompagner d'une délit d'+abus de faiblesse+", affirme Le Monde.
Les enquêteurs sont en effet intrigués par le but officiel de la fondation qui est "l'équilibre écologique, esthétique et humain".
Si ce but devenait inatteignable, la fondation pourrait être liquidée et ses avoirs - 20 millions d'euros versés par Liliane Bettencourt en 2008 - partagés entre plusieurs bénéficiaires dont le photographe François-Marie Banier, explique Le Monde.
Par ailleurs, dans le cadre du supplément d'enquête menée par la juge Isabelle Prévost-Desprez sur un abus de faiblesse de Liliane Bettencourt visant François-Marie Banier, LePoint.fr révèle jeudi soir qu'un neuropsychiatre parisien qui avait attesté en février 2009 que l'état de Liliane Bettencourt ne justifiait aucune mesure de protection, a admis avoir détruit le dossier médical de l'héritière de l'Oréal.
Selon sa déposition, recueillie le 16 septembre, le médecin "a détruit l'ensemble des pièces relatives à l'examen subi par la milliardaire", immédiatement après avoir été convoqué par la police deux jours auparavant.
"Une perquisition a eu lieu le 20 septembre à son cabinet dans le XVIe arrondissement de la capitale"; les enquêteurs "cherchent à savoir si des éléments médicaux contredisant le certificat du médecin n'auraient pas été soustraits par lui à la justice", affirme LePoint.fr.