Teresa Lewis, à la limite de la déficience mentale et mère à 41 ans de deux enfants, sera exécutée dans les heures à venir dans le centre pénitencier de Greensville, en Virginie, pour un double meurtre qu'elle n'a physiquement pas commis.
AFP - Le compte à rebours fatal se poursuivait jeudi pour Teresa Lewis, une Américaine de 41 ans qui doit être exécutée en Virginie (est), malgré une déficience mentale qui en fait un symbole de la lutte contre la peine de mort pour les abolitionnistes.
Teresa Lewis, dont tous les appels sont désormais épuisés, a été transférée au centre pénitencier de Greensville, à Jarratt, où se tiennent les exécutions en Virginie, a indiqué à l'AFP jeudi Larry Traylor, porte-parole des autorités pénitentiaires.
Elle doit recevoir l'injection mortelle à 21H00 locales et s'apprête à devenir la 12e femme exécutée aux Etats-Unis depuis le rétablissement de la peine de mort en 1976. Dans le même temps, 1.215 hommes ont été mis à mort dans le pays, dont 107 en Virginie, Etat le plus actif en la matière après le Texas.
Elle sera également la première femme exécutée en Virginie depuis Virginia Christian, une jeune Noire de 17 ans morte sur la chaise électrique en 1912.
"Elle veut vivre mais elle est en paix avec elle-même, elle dit que quoi qu'il arrive, elle sera gagnante", a assuré à l'AFP son avocat James Rocap.
La "famille proche" de Teresa Lewis, qui a deux enfants âgés d'une vingtaine d'années, était auprès d'elle, a précisé Larry Traylor jeudi. Ses enfants ne sont pas autorisés à assister à l'exécution.
Teresa Lewis est "l'exemple parfait montrant que le système de la peine de mort ne fonctionne pas", a déclaré jeudi M. Rocap au National Law Journal.
Avec un QI de 72 quand la limite de la déficience mentale - en deçà de laquelle la Cour suprême a interdit les exécutions - est fixée à 70, elle a été la seule condamnée à mort pour le double meurtre qu'elle n'a pas physiquement commis.
"La question n'est pas que Teresa Lewis est une femme et qu'elle devrait être traitée différemment, mais il serait extrêmement injuste que celle qui parmi les trois (auteurs du crime pour lequel elle a été condamnée, ndlr) est la moins dangereuse pour la société, qui n'est pas davantage coupable que les autres et dont le retard intellectuel appelle à la clémence, soit la seule à mourir pour ce crime", a expliqué à l'AFP Richard Dieter, directeur du Centre d'information sur la peine de mort.
Teresa Lewis a avoué avoir laissé la porte de la caravane où elle vivait ouverte pour que deux complices, âgés de 19 et 22 ans, y pénètrent et tuent par balle son mari et le fils de celui-ci, un vétéran âgé de 25 ans. L'objectif était d'empocher les assurances-vie des deux hommes.
Teresa Lewis avait rencontré ses complices au supermarché, l'un d'entre eux était devenu son amant et elle avait encouragé sa fille de 16 ans à entamer une relation avec le plus jeune.
Tous trois ont plaidé coupable du double meurtre. Les deux auteurs ont été condamnés à la prison à vie mais Teresa Lewis - qui avait renoncé à un procès en bonne et due forme - a été considérée par le juge chargé de fixer sa peine comme l'instigatrice des meurtres, "la tête du serpent", avait-il estimé, et envoyée à la mort.
Peu de temps après, son amant a avoué dans une lettre avoir manipulé Teresa Lewis. Elle était "exactement ce que je recherchais, une salope qui s'était mariée pour l'argent à qui j'allais faire facilement tourner la tête", avait écrit ce jeune homme qui voulait devenir tueur à gage et était doué d'une intelligence supérieure. Il s'est depuis suicidé en prison.
Mais ces nouveaux éléments n'ont pas convaincu le gouverneur de Virginie, le républicain Bob McDonell, qui a par deux fois refusé d'accorder sa clémence, ni la Cour suprême.