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La peine de mort plane sur le "père" des blogueurs iraniens

En Iran, la peine capitale aurait été requise contre Hossein Derakhshan, un ancien journaliste considéré comme le "père" des blogueurs iraniens. Revenu au pays en 2008 après huit années d'exil, il croupit depuis en prison.

Hossein Derakhshan, surnommé le "parrain" - ou le "père" - des blogueurs iraniens, pourrait être condamné à mort. Au troisième et dernier jour de son procès à Téhéran, mardi, le procureur aurait requis contre lui la peine capitale, selon certaines sources reprises par le quotidien britannique "The Telegraph", ce jeudi. Comme le procès se déroule à huis clos, l’information n’a pas pu être confirmée pour l’instant. Dans un entretien au site Internet iranien Kamtarin (traduction en anglais), la mère du blogueur de 35 ans affirme, elle, "que la peine la plus sévère a été requise".

Emprisonné depuis deux ans, Hossein Derakhshan est notamment accusé d’avoir collaboré avec des gouvernements "hostiles" et d’avoir soutenu des groupes anti-révolutionnaires. Une pétition circule actuellement sur le Net pour demander la libération de cette figure emblématique de la blogosphère iranienne devenue, ces dernières années, un personnage controversé.

Critique

Ancien journaliste, Hossein Derakhshan s’est fait connaître en 2000, lorsqu’il a trouvé un moyen d’écrire en persan sur Blogger, la populaire plateforme de blogs de Google, ouvrant ainsi la voie numérique à des dizaines, puis à des centaines de milliers d’Iraniens. L’Iran est aujourd’hui l’un des pays comptant le plus de blogueurs par rapport à sa population totale.

Celui-ci avait quitté l’Iran en 2000 après avoir travaillé pour deux journaux libéraux ayant eu des démêlés avec les autorités. Il s’était alors installé au Canada, dont il a obtenu la nationalité. Sur place, il ouvre alors ses premiers blogs, l’un en farsi et l’autre en anglais, et incite ses concitoyens iraniens à utiliser ce média pour se faire entendre.

Sur son blog, Hossein Derakhshan critique régulièrement les autorités de Téhéran et, lors de l’accession de Mahmoud Ahmadinejad à la présidence en 2005, traite même celui-ci d’"imbécile fondamentaliste". Depuis le Canada, il contribue également à divers médias occidentaux, dont la BBC et le "New York Times", et cofonde Global Voices, un réseau mondial de blogueurs.

Popularité écornée

Son parcours de parfait opposant s’arrête toutefois en 2006, lorsqu’il décide de se rendre en Israël pour montrer aux Iraniens que l’État hébreux "n’est pas l’ennemi". À partir de cet instant, son discours prend un tournant qui demeure encore aujourd’hui mystérieux pour ceux qui le connaissent.

Hossein Derakshan se met, en effet, à défendre chaque jour un peu plus le régime iranien. Il affirme notamment que la presse de son pays est l’une des plus libres du Moyen-Orient et compare Téhéran à Tel-Aviv, décrivant une jeunesse "qui écoute la même musique et prend les mêmes drogues" dans les deux villes. Il défend également le droit de son pays à se doter de l’arme nucléaire et critique les organisations de défense des droits de l’Homme qui s’en prennent à l’Iran.

Ces déclarations de plus en plus partisanes écornent sa popularité auprès de ses nombreux admirateurs, qui les mettent, pour beaucoup, sur le compte d’un désir d’apaisement avec Téhéran afin de pouvoir rentrer au pays. Ce que Hossein Derakhshan fera en 2008, après avoir reçu l’assurance des autorités qu’il ne court aucun risque. Erreur : il fut arrêté peu après, au mois de novembre, notamment pour avoir voyager en Israël…

Crédit photo : for-hossein (sur Flickr)