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Le parti unique au pouvoir en Corée du Nord se réunira le 28 septembre pour élire sa nouvelle direction. La réunion - la première de ce type depuis 1966 - devrait aussi porter sur la succession de Kim Jong-il...
Le Parti des travailleurs, le parti unique d’obédience stalinienne au pouvoir en Corée du Nord, tiendra une réunion extraordinaire le 28 septembre pour élire "son organe de direction suprême", a annoncé mardi l'agence de presse officielle nord-coréenne. Une conférence rassemblant l'élite politique du pays - la plus importante depuis 1966 - qui relance les spéculations autour de la succession de Kim Jong-il par son fils, Kim Jong-un...
Première dynastie communiste
Âgé de 68 ans, de santé fragile, le "Cher leader" a été victime d'une attaque cérébrale en 2008. Diminué, il est alors resté pendant plusieurs mois à l'écart de la vie publique. Son absence fut notamment remarquée lors de la commémoration du 60e anniversaire de la fondation de la République populaire démocratique de Corée, en septembre 2008. Depuis, les questions concernant sa succession à la tête du pays se multiplient, d’autant plus que celui-ci a semblé très affaibli lors de ses deux dernières visites en Chine, en mai et en août derniers. Au pouvoir depuis 1994, Kim Jong-il souhaiterait, selon plusieurs observateurs, que son fils cadet Kim Jong-un, probablement âgé de 26 ans, prenne tôt ou tard les rênes du pays le plus fermé de la planète, de la même façon que lui avait succédé à son père, Kim Il-sung, conférant au pays l'appellation de "première dynastie communiste".
La réunion du 28 septembre - qui devait initialement se tenir dans la première quinzaine de septembre - a été reportée en raison des inondations qui ont ravagé la Corée du Nord, selon des médias sud-coréens. Il n'en demeure pas moins que ce report continue de susciter bien des interrogations. "De par la nature totalitaire du régime, il existe plusieurs hypothèses qui peuvent l'expliquer. Il est possible que des conflits internes aient empêché la prise d'une décision. Ou bien peut-être était-il impossible de commencer la réunion en raison de l’état de santé de Kim Jong-il", analyse Pierre Rigoulot, historien et auteur de "Corée du Nord, État voyou".
Illustre inconnu
Selon lui, "il est difficile de dire ce qui va se passer le 28 septembre, car ce type de conférence vient ponctuer des accords passés en coulisses". Toutefois, des observateurs s'attendent à ce que le parti promeuve à des postes-clés des proches de Kim Jong-un et accorde à ce dernier le rôle de dauphin. Dimanche, le quotidien japonais "Tokyo Shimbun" affirmait, lui, que le Parti des travailleurs avait adoubé Kim Jong-un comme successeur de son père dans un document apparemment officiel dont il avait pu consulter des extraits. Afin d'assurer une transition sans heurts, Jang Song-thaek, l’influent beau-frère de Kim Jong-il, pourrait agir comme régent auprès du jeune fils après le décès du dictateur coréen. "Jang Song-thaek, qui était à la tête des services de renseignements, est un personnage-clé du régime. Il est récemment revenu en grâce après avoir été écarté des sphères du pouvoir. Il pourrait, en plus de jouer le rôle de régent, offrir une alternative au jeune Kim Jong-un", analyse encore Pierre Rigoulot.
Très peu d'informations ont filtré sur la personnalité de celui qui pourrait diriger demain la Corée du Nord. Il n’existe, en effet, aucune photographie officielle de Kim Jong-un à l’âge adulte. "Il a été éduqué en Suisse. Les rares personnes qui l’auraient aperçu récemment affirment qu’il est le portrait craché de son père, au point de partager avec lui les mêmes problèmes de santé malgré son âge", explique Vincent Touraine, correspondant de France 24 au Japon. Selon les services de renseignements sud-coréens, le jeune homme serait né en 1983 de la troisième épouse de Kim Jong-il, une danseuse d'origine japonaise décédée d'un cancer. "On a très peu d’informations sur ce personnage. Mais on peut dire qu’il est l’héritier d’une dynastie qui n’a pas réussi à développer la Corée du Nord et qui a fait de ce régime archaïque un élément d’instabilité dans la région", conclut Pierre Rigoulot.